Max Lobe, Confidences
Max Lobe a trouvé une manière habile, concrète et charnelle de donner corps à son projet. Projet historique, provoqué à l'origine par un autre livre.
À Genève, Lobe a jadis assisté à la présentation de Kamerun : une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971), de Thomas Deltombe et Jacop Tatsita. Il s'est rendu compte alors qu'il ne savait presque rien du sujet, lui, qui a vécu dix-huit ans à Douala avant de venir à Genève. Violente réaction : « La découverte de mon ignorance m'exaspère. » Après s'être documenté, Lobe est donc retourné au pays. Son but : raconter l'indépendance du Cameroun.
Pour ça, il adopte une stratégie très différente de celle des essais qu'il a lus. Son narrateur se rend dans la forêt camerounaise, rencontre Ma Maliga, une vieille femme, et la fait parler.
Dans un style très oral, très local, elle se souvient des épisodes qui ont rythmé la guerre cachée d'indépendance, et les partage avec son interlocuteur en buvant force vin de palme. Elle évoque les dissensions au cœur du village entre les partisans et les opposants des Français, explique l'influence de l'église et les réactions des habitants. Ces souvenirs sont entremêlés par des scènes qui montrent Max Lobe de retour en ville et exploitent la différence entre la campagne et la cité actuelles.
Fin et truculent, ce récit amène une compréhension des mécanismes qui ont agité les esprits dans cette période qui a vu la mort du héros local, Ruben Um Nyobè, assassiné par l'armée française en 1958. Sa lecture est une manière savoureuse de s'approprier quelques connaissances historiques et de comprendre de l'intérieur le fonctionnement d'un village camerounais, avec ses particularités.
Max Lobe, Confidences, Zoé