Paolo Cognetti, Le Garçon sauvage
Par Alain Bagnoud
Tous ceux qui s'intéressent à la montagne (c'est mon cas) ne peuvent qu'être intéressés par le livre de Paolo Cognetti, Le Garçon sauvage.
Le récit se présente comme une autobiographie. À 30 ans, après avoir vécu un très mauvais hiver milanais qui l'éloigne de l'écriture, l'auteur décide de monter pendant quelques mois dans le Val d'Aoste. Il connaît bien la région pour y avoir passé ses vacances plusieurs années de suite quand il était enfant.
L'endroit paradisiaque où il a vécu ses étés a disparu, transformé, modernisé. Mais il s'installe pas très loin, dans une ancienne bergerie, pourvue tout de même d'un confort sommaire. Après avoir apprivoisé la solitude, notre jeune homme rencontre d'autres habitants de la région, un nostalgique des temps anciens, ou encore deux jeunes gens qui tiennent un refuge d'altitude. Ce séjour permet finalement à Paolo Cognetti de se reprendre et de retrouver l'écriture.
Nous avons affaire ici, comme on le voit, à deux aspects bien connus de la montagne : montagne mystique, celle qui rapproche de Dieu (ici : l'écriture) et éloigne des hommes et de leurs soucis, et montagne guérisseuse, celle que l'on voit apparaître dans le livre Heidi de Joanna Spyri (la petite Clara retrouve la santé grâce à elle), ou dans La Montagne magique de Thomas Mann.
Le livre de Cognetti se place entre ces deux aspects. Pudique et mesuré, très suggestif, il est écrit avec une économie de moyens qui cherche la sobriété et le ton juste. Visuel, descriptif, mais également sensible, il nous donne donc une version renouvelée des grands mythes de la montagne salvatrice.
Paolo Cognetti, Le Garçon sauvage, Editions Zoé