Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L'Arche de Noé

 

Monsieur Alain Jacquemoud, enseignant de français dans un collège genevois, me fait parvenir ce billet d'humeur où il est question d'une décision aberrante du DIP, et plus largement de ses dérives sur la question de la laïcité.

 

Pierre Béguin

 

 

Parents genevois, parents de France et de la vieille Europe, réveillez-vous. Vos enfants sont en danger. Depuis longtemps, ils sont sous perfusion mentale, un poison infiltre leur esprit, corrompt leur âme. Trop confiants, vous n'avez pas pu deviner son action. Trop absorbés, vous avez choisi de l'ignorer. Dans les deux cas, vous êtes bernés, floués, trahis.

D'où vient le mal? Non d'usines désaffectées, devenues lieux de détente nocturne, non de la rue, l'immonde rue, ni non plus de quelque mouvement de révolte qui serait né dans le cœur même de vos enfants. Non. Il vient de l'école, ce haut lieu de la pensée en devenir, et avec le sceau encore de toutes les autorités, à l'ombre tutélaire de Jules Ferry et des grands bâtisseurs du système scolaire helvétique.

Quelle est la nature de ce mal? Son nom est pluriel: héritage chrétien, dimension spirituelle, référence au sacré, fait religieux.

Où se loge-t-il? Mais partout. De la maternelle à l'université, du cours de français à ceux d'histoire ou de chimie. Présence massive ici, homéopathique là, évidence aveuglante ici, allusion subtile là. Oui, partout le poison agit puisqu'il n'est pas une discipline qui à un moment ou à un autre de son essor, dans le champ qu'elle parcourt, ne soit pas confrontée à la question de son propre sens, de sa valeur, de ses fondements idéologiques, lesquels sont plus ou moins déterminés par son ancrage dans le temps d'une civilisation, la nôtre précisément, la judéo-chrétienne.

Comment cela se fait-il, direz-vous, puisque l'école, depuis plus d'un siècle, est laïque? Vous savez bien que laïc n'a jamais signifié tabula rasa, liquidation du passé, oubli de la profondeur de temps dont nous sommes issus.

Que faire dès lors? C'est facile. Prendre exemple, et plus vite que ça, sur le DIP genevois qui, dans un sursaut moral qui met en exergue sa haute lucidité, vient d'interdire à des élèves de participer en tant qu'acteurs à l'opéra de Benjamin Britten intitulé L'Arche de Noé, ce qui les aurait amenés à chanter une prière. Vous avez bien lu: chanter un texte qui a la forme et la portée d'une prière, et non faire un acte de foi, chanter la gloire de Dieu ou s'agenouiller devant la Croix. Motif du refus: ce geste artistique contreviendrait au principe de laïcité. Ajoutons par souci de clarté que ce principe, personne, et depuis longtemps, ne songe à le contester le moins du monde. Mais là était le crime, là se logeait la bête. Elle est maintenant terrassée. Soit. Une poignée d'élèves sauvés, c'est bien. Mais quid de tous les autres, qui sont légion? Pour eux, il convient que le combat continue.

Parents, demandez avec la plus grande fermeté aux autorités scolaires de suspendre dès la prochaine rentrée l'enseignement du français, de l'histoire, de la philosophie, des langues, du droit, de l'histoire de l'art, des sciences elles-mêmes. Vous avez des réticences? Balayez-les. Car enfin, de Villon à Baudelaire et bien au-delà, en transitant par Pascal, il est partout question de Dieu. Prévert, que l'on fait lire dès le plus jeune âge, est un blasphémateur. Dante, Shakespeare charrient la question de l'enfer et du paradis dans toute leur œuvre. Goethe invente un héros dangereusement prométhéen. L'histoire se réfère sans cesse au religieux. La philosophie est traversée par la question de la transcendance. La peinture européenne n'en finit pas de dialoguer avec la Bible. Les sciences modernes se confrontent au créationnisme depuis leurs premiers balbutiements, etc…

Que restera-t-il au bout de cette purification? Des écuries propres, des âmes saines. Bref, l'essentiel. Qui pourrait avoir la forme et la substance d'un cours d'éducation civique, ou plutôt d'une leçon perpétuelle de laïcité. Magistrale, simple, intégrale. (Intégriste?) Et, à l'image de ce qui restera vivant dans l'Arche après l'opération, carrée comme le sabot de l'âne.

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Mais non, mais non....il ne s'agit que d'un malentendu:

    http://etsionenparlait.blog.tdg.ch/archive/2015/06/12/laicite-a-l-ecole-mise-au-point-de-madame-anne-emery-torraci-267966.html

  • Mais non, mais non, il ne s'agit que d'un malentendu:
    http://etsionenparlait.blog.tdg.ch/archive/2015/06/12/laicite-a-l-ecole-mise-au-point-de-madame-anne-emery-torraci-267966.html

  • Ou alors les élèves auraient pu jouer la version moderne de l'Arche de Noé.

    Tous les animaux sont là prêts à embarquer sauf les licornes. Noé ordonne à l'un de ses fidèles d'aller à la recherche de cet animal.

    Dans sa course folle pour récupérer les licornes, il ne s'aperçoit pas de son erreur. Et, lorsque l'arche vogue sur les vagues furieuses, il constate que les licornes sont deux mâles.....

Les commentaires sont fermés.