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à propos du dernier livre d'Anne-Lise Grobéty

 

par antonin moeri

 

 

 

Il m’arrive de sortir, le soir, pour discuter avec des auteurs. Rien que ce mot, auteur, on a déjà des doutes. Imaginez la scène: T’as fait quoi hier soir? J’ai mangé avec un écrivain, ou bien, j’ai mangé avec un romancier. On se croirait au XIX e siècle. Mais enfin, quand on mange avec un romancier, un écrivain ou un auteur, vient immanquablement le moment où le problème du style est abordé. On ne trouve jamais de bonnes réponses. On tourne autour du pot. Me demande si le style n’est pas une question de ton. Petite musique, disait Céline. Comment dire? Il y a des écrivains qui créent une langue, une langue à nulle autre pareille, une langue dans la langue si j’ose dire. Une page suffit et on se dit: ah oui, là il y a une langue qui n’est pas la langue du bac, des plaidoiries ou des journalistes. C’est trop évident. Ramuz a créé une langue. Céline a créé une langue. Cingria a créé une langue. Koltès a créé une langue. C’est l’impression que j’eus en commençant à lire le dernier livre d’Anne-Lise Grobéty: «La corde de mi». Voilà, nous y sommes, dans une langue si particulière qu’on entend aussitôt la petite musique dont parlait cet autre spécialiste de dentelles rares. Combien y en a-t-il, dans un siècle, de ces auteurs-là? me demandai-je en posant le livre d’Anne-Lise sur ma table.

 

Anne-Lise Grobéty: La corde de mi, Edition Bernard Campiche, 2006

Commentaires

  • Pour être exact, le dernier livre du vivant d'Anne-Lise Grobéty a été publié en 2008 aux éditions d'autre part et s'appelle, dans la belle musique de l'auteure, L'abat-jour.
    Bonne lecture cher Antonin.

  • Pour prolonger: Kundera, dans L'Art du roman, distinguait entre l'écrivain, dont la voix, le ton, sont reconnaissables dans tout ce qu'il écrit, et le romancier, qui peut changer de style selon ce qu'il recherche. Plus précisément: " Le romancier ne fait pas grand cas de ses idées. Il est un découvreur qui, en tâtonnant, s'efforce à dévoiler un aspect inconnu de l'existence. Il n'est pas fasciné par sa voix mais par une forme qu'il poursuit, et seules les formes qui répondent aux exigences de son rêve font partie de son oeuvre. "
    D'après sa définition, il semble que par "auteur", tu désignes donc plutôt les écrivains. Mais ne jetons pas les romanciers à la poubelle. Un bon exemple d'un d'entre eux: Georges Perec.

  • oui oui c'est vrai Alain ces catégories auteur écrivain ne sont pas tout à fait délimitées dans ma petite tête mais je voulais donner la parole à une intuition comment dire dans mes nuits sans sommeil je prends un livre et tout à coup ouf oui je retrouve une respiration plus apaisée ou bien ce sont les mots qui s'alignent dans ma tête avec une sorte de bonheur qui me permet de trouver enfin le sommeil et dans ce cas vois-tu eh bien il n'y en a pas beaucoup des auteurs ou écrivains qui te donnent ça, ce que m'a donné le début du livre d'Anne-Lise, quant aux romanciers, je vois surtout Faulkner et, lui aussi, tu reconnais le style au bout de trois lignes, bon vent, à propos as-tu vu Je suis le vent, un texte de Fosse d'une beauté sidérante

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