Sonia Baechler, On dirait toi
Par Alain Bagnoud
Avec On dirait toi, la belle Sonia Baechler propose un roman ample, qui couvre plusieurs générations, de l'arrière-grand-mère à la narratrice. En même temps qu'une recherche sur le passé, elle offre le portrait d'un canton qui ressemble à s'y méprendre au Valais.
Un canton plein de personnages pittoresques, sur lequel la religion met sa marque. « Aux branches de mon arbre généalogique se balancent des curés défroqués, des bonnes sœurs, des sages-femmes, des juges, des violonistes, des travestis, des consacrés, des alcooliques, des vieux fous, des suicidés, des immolés, des paumés. »
Beaucoup de monde pour une quête des racines qui mène la narratrice sur la piste de Marie-Adèle et de son destin exemplaire de femme, dans une vallée conservatrice, à la fin du XIXe et au début du XXe. À cette vie redécouverte, retracée, se mêlent les questions de la narratrice, qui scrute le portrait de cette arrière-grand-mère en qui elle se reconnaît. Sa recherche en miroir la pousse à s'interroger sur son identité propre, sur son parcours, et sur le lien qui la noue à la vallée des origines.
Le projet est englobant, le texte ambitieux. Sa charpente est faite par les poutres de thèmes récurrents : l'ici et ailleurs, le départ, l'enracinement, la femme et la tradition, la lignée. Une recherche constante de littérature se perçoit dans le livre, qui se présente tout à la fois comme une chronique familiale, un roman, une analyse du Valais, un récit singulier et collectif.
Cette variété a les défauts de ses qualités : de petits problèmes de vraisemblance narratologique.
Petites inconséquences que ne remarqueront que les esprits vétilleux comme le mien. Le point fort de cet ouvrage est ailleurs. Dans une analyse fine, en profondeur, du Valais dont Sonia Baechler comprend et retrace bien les ressorts : une machine qui enferme, aimée par ceux qu'elle emprisonne.
Sonia Baechler, On dirait toi, Bernard Campiche Editeur