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Oiseau de hasard

 

 

par Pascal Rebetez

 

Oiseau_de_hasard_grand.jpgAlexandre Voisard se nourrit de sa famille et c’est une digestion lente, qui prend du temps, mais se savoure avec d’autant plus d’appétit, qui, le concernant, vient en mangeant, et en prenant de l’âge : le poète a fêté ses 83 ans. Et pour notre plaisir, il sort son meilleur livre de prose, un roman familial qui fait suite à Le Mot Musique, portrait fraternel de son père, écrit il y a dix ans déjà, et qui dans son ton, en un peu plus compassé, fait penser à cet Oiseau de Hasard. Ici, c’est le grand-père qui fait le modèle, un grand-père absent de la saga familial, un nom tu par la mémoire familiale comme un secret trop lourd à porter : c’est que le Louis était un sacré oiseau, noceur comme pas deux, un peu voleur, doué pour trousser les femmes autant que réparer des montres. C’est un chant entre deux siècles, la fin du XIXe et le début du XXe, un temps de petite misère mais aussi d’échappées belles, de rencontres au marché, de départ à la légion… Voisard excelle dans ce récit de vie dont il a dû inventer quelques pièces pour que ça tienne debout, car, en plus du silence familial, il y a peu de traces (une photo de groupe, un carnet militaire) de celui que l’on suit sur ses chemins de traverse, sans en perdre une miette, tant le poète devenu rhapsode sait faire corps avec son aïeul « parmi les brumes où il est censé avoir disparu, ces brumes acides 3478352.image?w=243&h=154des souvenirs que les vivants repoussent comme des mouches ».

 

C’est un bon et salutaire remue-ménage, et si le Louis n’en sort pas forcément grandi (mais quoi, chacun son pauvre destin !), son petit-fils en le ramenant sous le quinquet du souvenir nous donne à lire une sacrément belle histoire.

 

Oiseau de hasard d’Alexandre Voisard, Bernard Campiche Editeur, 206 pages.

 

 

 

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