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De la perte et des restes

 

 

par Pascal Rebetez

 

 

Par inadvertance, volonté putzfrauenne de faire de l’ordre, par légèreté masochiste et déliquescente, à moins que n’intervienne déjà le redoutable syndrome d’Al Capone ou tel virus anonyme autant que répugnant, j’ai perdu quelques mégabites de dossiers de mon ordinateur tout autant personnel qu’ouvert au monde entier des informaticiens, ces anges de mon passé productif. Ceux-ci, alertés, sont allés sous la masse compacte de mes fientes passées afin d’essayer de sauver ce qui pourrait l’être encore, puis, ah c’est rageant !, ils ont extrait l’entier de mes déchets, tout ce que j’avais vraiment voulu jeter à la poubelle cybernétique : lettres d’amour périmé, exercice d’autofiction qui tourne au vinaigre, pièce de théâtre sans personnage, monologue pour un pervers, philippique jamais envoyée par couardise, paresse et lassitude.

C’est comme si, du feu des fours des Cheneviers, on arrivait à extraire le misérable sac d’ordures que je produis par semaine, une fois mis de côté les quelques épluchures et le verre (abondant, cela va sans dire mais ça va mieux en le buvant), et le papier trié après avoir été lu, froissé, emballé.

Ne me reste désormais qu’à faire le tri de tout ce courrier en retour. Et miracle, ce paragraphe jeté il y a un an et demi ne m’apparaît aujourd’hui pas si stupide que ça ! Et cette lettre d’amour, bon sang, mais je peux la reprendre telle quelle, j’ai les même humeurs automnales ! Ainsi, les restes autrefois méprisés deviennent, par la grâce d’une résurrection et de leur amoncellement, des ruines devant lesquelles s’extasier à jamais.

Alleluïa, alleluïa. Adieu Alzheimer, bonjour Diogène !

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