Mes stances à un cambrioleur
par Pascal Rebetez
Sans rime, sans pathos non plus, à l’instar de Brassens, j’ai perdu quelques magnifiques choses hier soir, disparues par l’opération délictueuse d’un malandrin. J’ai été cambriolé ! A part le téléphone portable de mon frère, on ne m’a pris que des petites toiles, une de belle valeur marchande, trois autres plus sentimentales et quelques remarquables coupelles antiques de provenance forcément douteuse.
Rage ! L’artiste amateur a dédaigné, comme de vieilles semelles, les manuscrits qui sommeillaient dans mon bureau, il a balancé au sol quelques ouvrages originaux dont certains signés par quelques belles plumes littéraires, il s’est soucié comme de colin-tampon de mes carnets intimes, n’y voyant que vaticinations d’atrabilaire sans aucune valeur marchande. Dois-je dire que le bougre a visé juste ? Ce dépouillement que j’appelle de mes vœux, cet allègement métaphysique, mon voleur d’hier soir me l’impose et me convoque dès lors à relativiser la possession. Tout ce qu’on possède nous possède ? Merci, monte-en-l’air, de m’avoir ainsi un petit peu libéré. On n'est jamais si bien servi que par surprise.
Commentaires
Et merci Brassens... aussi !
Un cambrioleur est entré dans ma voiture il y a quelques jours. A Genève. Tout près de là où Frankenstein est né. Il y a volé mes stylo-plumes, mon agenda, mon porte-monnaie, mon passeport, un livre dont le mot à l'intérieur n'était destiné qu'à moi, un appareil numérique et mon pull rouge. J'étais pourtant assise sur le siège du conducteur.