Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le singe en nous

1429788176.jpg

PAR ANTONIN MOERI


Être capable d’imaginer l’attente de l’autre représente, selon le primatologue hollandais Frans de Waal, « un bond gigantesque dans l’évolution sociale ». La faculté d’être affecté par l’état d’un autre individu ne serait pas l’apanage des êtres humains. Pour vérifier cette hypothèse, le primatologue raconte une histoire : désirant voir le visage du bébé de Lolita (une chimpanzé) né la veille, il tend un doigt vers la petite boule sombre que Lolita serre chaudement contre son ventre. Imaginant l’attente du scientifique hollandais, Lolita croise les bras pour saisir les menottes du nouveau-né qu’elle lève lentement en le faisant pivoter. « Suspendu aux mains de sa mère, le bébé me faisait face ».
De nombreux exemples montrent à qui en douterait que la tendresse, les manifestations de sympathie, la conduite secourable, la compassion, l’envie d’écouter les plaintes de l’autre et la solidarité n’ont pas été inventées par l’homme et que ces élans peuvent également exister dans la jungle primitive. Le primatologue accorde une grande importance à l’observation de ces comportements altruistes, car ils prouvent que « les problèmes de la vie réelle sont parfois résolus si l’on se met à la place d’autrui ». Nous aurions tout intérêt à prendre en considération cette faculté qu’a le singe de se mettre dans la peau d’autrui et à la développer chez nous, êtres dits humains, car l’agressivité, le besoin d’exterminer celui qui pratique un autre culte, la défense du territoire, la haine de l’étranger, l’avidité (« greed is good »), la rapacité, la soif de sang et de pouvoir, la peur de celui qui est différent et la tendance à tout subordonner à son propre intérêt sont des pulsions qu’on devrait juguler dès le plus jeune âge chez les futurs citoyens de nos démocraties terminales.
Comme vous le voyez, les préoccupations de Frans de Waal semblent rejoindre, ici et là, celles de certains hommes politiques ayant encore une vision malgré le cynisme ambiant.

Commentaires

  • Bonjour !
    Je ne sais pas pourquoi, mais votre billet me rappelle un photo-montage qui circulait sur le web il y a quelques années: on voyait les mimiques de George W. Bush interprétées "façon chimpanzé"...

  • "Nous aurions tout intérêt à prendre en considération cette faculté qu’a le singe de se mettre dans la peau d’autrui et à la développer chez nous..."

    Vous êtes absolument certain que ça ne se passe pas ainsi uniquement dans le cadre de groupes constitués, dont les sujets se connaissent les uns les autres, tandis que ceux qui viennent d'ailleurs sont violemment chassés avec pertes et fracas ?

    " la haine de l’étranger, l’avidité (« greed is good »), la rapacité, la soif de sang et de pouvoir, la peur de celui qui est différent et la tendance à tout subordonner à son propre intérêt sont des pulsions qu’on devrait juguler dès le plus jeune âge..."

    Qu'est-ce que vous voulez ? Qu'on se fasse submerger par ceux qui n'attendent que le moment où nous baisserons la garde pour s'abattre sur nous comme la vérole sur le bas clergé ? C'est ça ?

    Si, contre attente, c'est l'idéaliste neuneu Obama qui est élu président des Etats-Unis, vous verrez les désastres planétaires que peut provoquer un grand couillon dégoulinant de bons sentiments poisseux :o)

  • Et voici le retour des théories bobo de gauche! Ca faisait longtemps...

  • Excellent ! Bravo ! Félicitations !

    « les problèmes de la vie réelle sont parfois résolus si l’on se met à la place d’autrui »

    Comme j'aimerais que les "palestiniens" se mettent à la place des israéliens pour comprendre ce qu'ils ont enduré pendant 3'000 ans...alors qu'ils se plaignent d'être en vie et bien traités ( quand ils ne jettent pas de missiles sur les villages israéliens ), depuis les 60 ans qu'Israël existe à nouveau comme état !

    Comme j'aimerais que le monde entier se mette à la place de Kurdes Irakiens assassinés par Saddam Husein.

    Comme j'aimerais que les Chinois se mettent à la place des Tibétains !

    Comme j'aimerais que Micheline Calmy-Rey se mette à la place des femmes iraniennes, des Serbes après la perte du Kosovo !


    "Être capable d’imaginer l’attente de l’autre représente, selon le primatologue hollandais Frans de Waal, « un bond gigantesque dans l’évolution sociale »."

    Mais qui en veut de cette "évolution sociale" ?
    Les afghans ( et les autres musulmans avec les prisons individuelles ( burkhas ) ?

  • Et les bonobos, ça vous dit quelque chose ? Transposer leurs comportements à notre espèce humaine, ça donnerait quoi?

    Il paraît que leur vie sociale et des plus évoluées parmi les primates, qu'ils pratiquent l'empathie comme "coutume"... Vivant par groupes de cinquante, il en ressort un certain égalitarisme entre les sexes sans qu'il faille prôner une politique de type promotionnel. Selon les études officielles, les femelles auraient le choix des décisions finales pour la communauté. Adoptant la bipédie pour 20% de leur temps, les bonobos utilisent le sexe comme régulateur social, ce en cas de querelle ou de tensions, notamment. En bref, les pratiques sexuelles viennent apaiser le groupe et tout revient dans l'ordre.

  • Si les humains adoptaient aussi à large échelle le sexe comme régulateur social, il set à craindre pour les croyants une nouvelle Sodome et Gomore...
    Faites l'amour, pas la guerre, un slogan qui serait bon à diffuser ces jours-ci au Liban, n'est-ce pas ?
    Les groupes de 50, c'est encore le PS qui va nous pourrir la vie, avec le communautarisme...le "Vivre Ensemble" et l'égalitarisme, pas bon non plus, sinon y'a plus de ministères, il vont faire la gueule, les pauvres d'esprits...

  • "les bonobos utilisent le sexe comme régulateur social, ce en cas de querelle ou de tensions, notamment. En bref, les pratiques sexuelles viennent apaiser le groupe et tout revient dans l'ordre."
    pouf! pouf! faut l'envoyer au Nouvelliste, celle-là !

    ;o)

  • Cher Scipion,
    je trouve vos propos bien énergiques. Je ne veux absolument rien, ni n'envisage un quelconque meilleur des mondes. Il s'agissait simplement pour moi de présenter elliptiquement la thèse de ce primatologue, que certains journaux bien orientés portent aux nues. Il est bien évident que je ne partage guère cette vision d'un possible monde édénique, où l'on s'ennuyerait à mort. Mais une goutte de tendresse, d'attention désintéressée peut alléger parfois nos pesantes démarches. Ah qu'ils sont lourds, surtout quand ils s'imaginent être malins, disait je ne sais plus quel écrivain que j'ai beaucoup lu. En tout cas, merci d'avoir réagi avec ce feu.Ah oui, une question peut-être un peu naïve. Qui sont ces hordes qui ne demandent qu'à nous submerger?

  • Contente que vous ayez compris l'ironie de mon exemple des bonobos, Victor et Blondesen! Ce cas de figure a fait gloser depuis des années sur notre ressemblance à ces singes en leur octroyant les qualités les plus évoluées. Certains ont fait leur carrière sur ce genre de conneries.

    D'ailleurs, ce type de naturalisme "le singe en nous" appliqué métaphoriquement à notre espèce ne nous apporte rien.

    Heureusement, qu'on a une âme dont l'essence loquace nous permet d'organiser le monde : métaphysiquement et épistémologiquement, c'est bien l'esprit qui crée la réalité et non l'inverse.

    Bien à vous tous !

  • @ Micheline. "Certains ont fait leur carrière sur ce genre de conneries."
    eeehhh dites...ils sont dans quels ministères ceux qui ont fait carrière ?
    non...c'est juste pour savoir si le diplôme correspond au ministère...vous me comprenez...

    "D'ailleurs, ce type de naturalisme "le singe en nous" appliqué métaphoriquement à notre espèce ne nous apporte rien."

    Mais si, vous voyez bien, cela apporte une assise au journaliste, qui lui, gagne sa vie avec et puis ça me permet de vous dire ( à tous ), forniquez !

    "Heureusement, qu'on a une âme"...oui, le Diable nous attends à chaque coin de rue pour nous l'acheter :o)

    Ôooo, bénissez-moi mon Per, car j'ai pêché !

  • @ Micheline et Victor
    booooh là le débat atteint des sommets métaphysiques qui me donnent le vertige.
    Âme simple, quand la discussion va au-delà de talons de 15 cm, de chutes de reins étourdissantes et de décolletés plongeants, je perds pied.
    Il faut que je me trouve une régulatrice sociale pour m'expliquer tout ça !
    ;o)

Les commentaires sont fermés.