Deux romans de Gilbert Pingeon (16/12/2011)
Par Alain Bagnoud
Décidément fertile, l’écrivain neuchâtelois Gilbert Pingeon publie deux romans d’un coup. Léa, aux Editions d’Autre Part, et La Cavale du banquier, aux Editions de L’Aire.
Pour l'amateur qui, comme moi, les lit l’un après l’autre, des points communs s’imposent, de sorte que la tentation est grande de les comparer. Ressemblances et différences.
La matrice des romans semble la même. Leurs deux personnages principaux sont des bourgeois quinquagénaires aisés (un banquier, un ancien homme politique). Tous deux sont solitaires, narcissiques, à la recherche d’un sens à leur vie qu’une activité professionnelle ne peut leur donner.
Chacun traque une femme exotique qui a vingt ou vingt-cinq ans de moins que lui. La conclusion du livre est tragique pour elles: l’une tente d’étouffer ses enfants et de se suicider, l’autre meurt étranglée. A la fin, tout rentre dans l’ordre pour le personnage principal qui retrouve son train-train quotidien.
Les différences maintenant. Dans un cas, c’est un essai de séduction qui échoue. Dans l’autre une histoire de passion charnelle, de picole, de déglingue qui mène à la mort.
La Cavale du banquier ouvre en plus un Dossier Kevin Kovac qui propose au lecteur la vie d’un jeune délinquant. Son destin croisera celui des personnages principaux. Ces deux histoires parallèles se nouent finalement de façon tragique.
Léa, que l’auteur annonce comme un remake d’Adolphe, le fameux roman de Benjamin Constant, est une sorte de jeu du chat et de la souris entre les deux personnages principaux. Les êtres qui tournent autour d’eux (les deux filles de Léa, son ex-mari...), sont de simples pions dans ce jeu d’échec de la conquête et du refus.
Comme on le voit, au-delà des ressemblances, Léa et La Cavale du banquier ne sont pas de simples variations sur le même modèle. Ces romans ont des personnalités propres. Gilbert Pingeon sait diversifier ses effets. Son écriture est précise, rythmée, souvent ironique, sarcastique, apte à suggérer l’intériorité par la description des actes.
Tels qu’ils sont, Léa et La Cavale du banquier présentent des facettes différentes du talent de cet écrivain dont on avait déjà apprécié un livre autour des animaux et un roman sur l'aventure intérieure.
Gilbert Pingeon, Léa, Editions d’Autre Part
Gilbert Pingeon, La Cavale du banquier, L’Aire
10:13 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Merci pour toutes ces infos, très intéressante
Écrit par : generico | 04/01/2012