L’odeur de la racaille (14/05/2009)

par Pascal Rebetez

Dans la TdG de lundi, Thierry Mertenat conclut son reportage sur les zizous des Pâquis par cette vérité ressentie in vivo que 38 jeunes adultes rassemblés quelques heures dans une pièce sans aération laissaient dans les lieux une vague odeur de transpiration...

Nous avons vécu, comme beaucoup, dans des dortoirs de colonies de vacances et dans des vestiaires de football et parfois nous prenons les transports publics et par là même avons vécu cette expérience traumatisante d’être en prise avec l’odeur de l’autre, des autres. Ce n’est pas forcément agréable comme ne l’est pas non plus le fait de se faire détrousser dans la rue par des malfrats. Or, le journaliste parle ici de maghrébins, soupçonnées de vols à la tire et qui laissent derrière eux « l’odeur de la racaille » !

J’ai lu autrefois - ayons les références littéraires qui se doivent ! – un homme qui s’en repaissait desdites odeurs (chacun ses goût !), qui rêvait de s’y vautrer et, ce qui est bien plus essentiel, en a décrit les sublimes parfums du désir : merci à Jean Genet, grand adorateur de la fripouille et de la racaille et homosexuel avoué et dévoué à sa cause !

Les temps changent. Les poètes aussi. Le chroniqueur de la rubrique locale, par ailleurs par habitude véritable service de presse de la police, des pompiers et de tout ce qui porte uniforme, vit tout de l’intérieur, invité officiel du QG aux salles d’opération en passant par la description minutieuse de la vaillance et du courage des hommes en exercice. On sent l’admiration, la fascination même pour les risques encourus dans l’épuisante mission déployée par les fonctionnaires de l’ordre. Chacun ses fantasmes, mais diable, que les termes de « racaille puante » sentent eux-mêmes les pires ragoûts du poujadisme ! On est ici dans les plus vils penchants de la répulsion de l’autre. Genet aimait la racaille et, hormis celui des marins, abhorrait l’uniforme. Le localier est l’inverse des Genet, Villon, Brassens, Brel et de tous les vrais poètes qui, toujours, préfèreront la mauvaise herbe à la bonne réputation…

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