« Le nègre du DIP » (18/11/2008)

charlesbeer1-3.jpgPar Antonin Moeri




On dit habituellement d’un peintre qu’il a « un bon coup de patte ». Cependant, j’ai entendu dire à propos d’un écrivain : « Il a une sacrée patte ». Parlant d’un polémiste avec un enthousiasme appuyé, Sollers disait à la radio « Quelle papatte ! ». En lisant attentivement la chronique de Pascal Décaillet parue dans la Tribune de Genève (où il reproche aux auteurs de l’initiative 134 de recourir aux juges pour régler un problème d’ordre politique), je fus agréablement surpris en découvrant les expressions « un plumitif de l’entourage de Charles Beer » et « le nègre putativement malveillant du DIP ». Le terme « plumitif » (lorsqu’il désigne un bureaucrate ou un mauvais écrivain) recèle, si j’ose dire, une dose d’agressivité qu’on préférerait gommer par temps d’euphémisation galopante. Mais la nuance la plus fine est véhiculée par une savoureuse création adverbiale : « putativement ». Le nègre existe (on ne saurait imaginer notre ministre dit de l’Instruction publique accomplir cette tâche), et ce sont précisément les intentions de ce nègre que Décaillet pointe d’un doigt à la fois tremblant et ironique. Ouf ! Car l’ironie se fait de plus en plus rare. La manier relèvera bientôt du crime contre l’humanité.

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