CEVA, cherchez l'erreur! I (10/10/2020)

Par Pierre Béguin

Avec tous ces délires idéologiques et sanitaires qui nous tombent dessus à répétition, on en viendrait presque à oublier le CEVA (Le Léman Express, rien à faire, je ne m’y fais pas! Ce doit être le mot «Express»).
Heureusement, il y a Béguin!
Moi qui avais consacré à cette «chose» de multiples billets sur Blogres depuis l’annonce de sa réalisation jusqu’à son acceptation par le peuple à la suite d’une votation que nos autorités voulaient absolument éviter et qu’elles ont tout fait ensuite pour fausser, je m’étais promis d’y revenir une fois sa mise en service effective. Dam! Quand on tient un tel os, on ne le lâche pas facilement…
Pour mémoire – beaucoup de citoyens, hélas, l’ont très courte (la mémoire, donc!) – le CEVA, c’était ce truc qu’on nous a vendu d’abord à 900 millions, puis à 1,4 milliard (promis juré, aucun dépassement, parole de Robert Cramer) et qui aura coûté finalement près de 2 milliards, mais dont la mise en service devait mettre Genève sur les rails du XXIe siècle en résolvant une bonne partie de ses problèmes de mobilité, voire, pourquoi pas – soyons fous ! – l’ensemble de ses problèmes. Jugulés, les embouteillages à la frontière en début et fin de journée! Terminés, les routes et les villages saturés! Finis, les problèmes de congestion sur l’autoroute de contournement! Car le CEVA, c’est comme le cheval d’Attila: sur les rails où son train passe, tous les embouteillages trépassent. Vous verrez, nous promettait-on la bouche en coeur, il y aura un avant et un après CEVA (aussi sûrement qu’il y aura, dans nos comportements, un avant et un après COVID). Bref, comme le dit si bien le Chat: «Si un jour on instaurait un examen pour devenir con, je parie qu’il y en a encore qui arriveraient à le rater».
Or donc, dans la perspective d’en remettre une bonne couche, au retour d’un de mes nombreux tours à vélo, je me postai l’automne dernier, vers 17 heures, à la sortie de Perly, sur le pont qui enjambe l’autoroute avant la douane de Bardonnex, afin de photographier cet interminable embouteillage que la mise en service imminente du CEVA allait reléguer au rang de ces catastrophes d’un temps révolu qu’on regarde désormais avec condescendance. Avec le projet, bien entendu, d’y retourner une année plus tard, même lieu, même heure, «même pomme», même photo. C'est maintenant chose faite.
Cherchez l’erreur !
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On nous aurait menti ? On nous avait pourtant promis! Jusque dans les commentaires qui s’opposaient vertement à mes critiques blogresques sur le CEVA.
Tenez, par exemple, Philippe Souaille, journaliste de son état: «Le CEVA va réduire les embouteillages à Bardonnex parce que si les transports publics efficaces sont organisés pour irriguer le CEVA, avec des parkings et des mesures de dissuasion, cela va marcher. Le flot s’agglutine à Bardonnex et dans les communes avoisinantes parce que c’est là que c’est le plus pratique actuellement. Mais il n’y a aucune fatalité. Et un tram vers Saint-Julien poursuivant vers les parkings d’échanges à la sortie de l’autoroute est aussi nécessaire...».
Cher Philippe Souaille, j’ignore votre âge, mais je prends le pari que ce tram, vous ne le verrez pas de votre vivant, ni moi non plus d’ailleurs. Quant aux parkings… vous connaissez l’Arlésienne?
Ou encore un certain Juan, qui, tout en cachant son nom, se prétendait haut et fort urbaniste: «Un habitant de Haute-Savoie travaillant à Genève pourra avec le CEVA laisser sa voiture à Machilly ou à La Roche avant de prendre le RER, Pourquoi le RER serait-il vide? A Zürich, il est plein depuis sa création». Tiens, c’est vrai, Juan, expert en urbanisme, pourquoi le CEVA serait-il vide? Faudra que j’aille vérifier – J’y suis donc aller, vérifier, dès 7 h 30 le matin direction gare du Bachet. Mais le compte-rendu de cette aventure, vous le lirez sur Blogres mardi matin. Chaque critique en son temps. Cela dit, je peux d’ores et déjà vous l’assurer, vous n’allez pas être déçu.
Allez! Dans cette attente, juste pour la route, je ne résiste pas à vous resservir deux déclarations tonitruantes de nos politiques ou autres thuriféraires du CEVA, avant sa mise en service naturellement.
A tout Seigneur, tout honneur, Robert Cramer: «Le budget de l’ordre du milliard de francs sera tenu (…) Je demande à être jugé sur pièces. Depuis que je suis au gouvernement, aucun projet n’a dépassé l’enveloppe qui lui a été allouée.» Cher Monsieur Robert Cramer, consolez-vous, il faut un début à tout!
Gabriel Barrillier, député radical, co-président du comité Pro-CEVA: «Ce projet va générer du travail pour mille personnes et l’essentiel sera attribué à des entreprises suisses et genevoises» (ce Cassandre de l’économie a oublié la loi qui oblige à faire des appels d’offre dans toute l’Union européenne. Résultat? Plus de 90% du gros œuvre fut attribué à des groupes non genevois, dont 41,1% au consortium Vinci France qui ramasse le jack pot: le traitement des déchets du chantier devisé à 319 millions de francs, déchets qu’on a transportés par camion dans le sud de la France. Bonjour le bilan écologique!).
Oui, bien sûr, je pourrai encore parler de toutes les vicissitudes qui ont accompagné la mise en service de notre perle genevoise des transports, du manque de conducteurs formés (on ne les avait pas prévus, dis-donc!), des différends franco-suisse sur les trains et leur entretien, des parkings qui n’existent pas, etc. et j’en passe. Autant de sujets que j’avais déjà abordés dans mes billets d’antan et sur lesquels il paraîtrait, aujourd’hui qu’ils sont avérés, mesquin de ma part de revenir. Je me contenterai de préciser que, pendant ce temps, le métro lausannois est bondé à la grande satisfaction des Vaudois, et les routes et autoroute genevoises sont toujours congestionnées.
Rendez-vous donc mardi matin, 7 h 50, gare du Bachet. Les quais seront-ils encombrés? Les wagons bondés? Suspense! Vous le saurez en lisant la suite dans Blogres.

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