Branlette ou levrette? (04/09/2020)

Par Pierre Béguin

Il y a quelques mois encore, j’aurais opté pour la blague. Aujourd’hui – et c’est bien cela le plus grave – l’information me semble crédible tant elle s’inscrit parfaitement dans le délire du temps: il paraît qu’on vient de franchir un nouveau pas dans l’escalade des «gestes barrières» – comme on les appelle – au temps du Covid-19. Bon! C’est au Canada, me direz-vous! Mais à considérer toutes les sottises qui franchissent allègrement l’Atlantique, on peut légitimement s’inquiéter.
Or donc, la responsable de la santé publique du Canada, une certaine Dr Theresa Tam, suggère qu’en temps de pandémie, les couples devraient éviter de s’embrasser et faire en sorte que leurs «visages ne se touchent pas ou ne soient pas près l’un de l’autre en cas de rapports sexuels». Dans la foulée, elle recommande même aux couples de porter un masque durant l’«acte»:
«Les relations sexuelles peuvent être compliquées pendant la pandémie de Covid-19» indique-t-elle dans un communiqué, avant d’ajouter sans rire: «Les activités sexuelles les moins risquées pendant que sévit la Covid-19 sont celles où vous êtes seul».
Bref, vous l’avez compris: pour les Canadien-ne-s, l’alternative c’est branlette ou levrette. Des millions de pratiquant-e-s en position «modus animalis», renommée pour la circonstance position Covid-19. Quel bel alignement! C’est notre bon Docteur Knock qui va être content.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, dorénavant, je crois que plus jamais je ne regarderai un Canadien – et surtout une Canadienne – avec les yeux d’antan. Et puisque là-bas, le sport national est le hockey, je suggère à cette bonne doctoresse Theresa Tam de recommander pour exécuter l’«acte», tout en conservant préservatif et masque bien entendu, l’utilisation systématique de la canne de hockey, au maniement de laquelle les Canadiens sont reconnus comme des experts, et qui permettrait aux visages non seulement de ne point se toucher mais surtout aux corps de maintenir la fameuse distance de 1,50 mètre imposée bientôt dans tous les manuels de sexologie outre-Atlantique.
En de telles circonstances, pour de telles pratiques, je me demande si, en Suisse, nos autorités ne seraient pas bien avisées de recommander «incessamment sous peu» l’usage du cor des alpes. Songez que c’est tout un pan de l’économie suisse qu’on pourrait ainsi redresser, si je puis dire!
En v’là une bonne idée! Merci qui?

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