L'affaire Polanski nous rend fous (et folles) ! (04/03/2020)
par Jean-Michel Olivier
L'affaire Polanski rend fou : elle concentre en elle bien des passions incandescentes. Le néoféminisme, d'abord, teinté de misandrie et de politique, mais aussi la pédophilie, les violences sexuelles, sans oublier un élément déterminant, l'antisémitisme. Cela fait beaucoup pour un seul homme ! Mais cela explique aussi les vagues de haine, d'incompréhension et de bêtise que suscite cette « affaire » sur les réseaux sociaux.
On l'oublie bien sûr, car notre époque est amnésique, mais l'« affaire » a déjà fait un mort — au moins. Rappelez-vous, en octobre 2009, l'écrivain Jacques Chessex (©photo de Patrick Gilliéron Lopreno), pris à partie, au sujet de Roman Polanski par un médecin du nord-vaudois (qui a courageusement pris la fuite), s'écroulait dans la bibliothèque du gymnase d'Yverdon, victime d'une crise cardiaque…
À cette époque, j'avais consacré une chronique à cette « affaire » (lire ici), puis encore deux autres. Jamais je n'ai eu autant de commentaires (au total une centaine), mélangeant tous les aspects du scandale présumé, mais portant avant tout sur la question des violences pédophiles (d'innombrables témoignages de victimes abusées). Bien avant la vague #MeToo. Preuve que la parole des victimes ne demandait qu'à être entendue.
Pendant dix ans, l'« affaire Polanski » s'est faite oublier. Or le feu couvait sous la braise. Le réalisateur a beaucoup travaillé. Mais il a fallu attendre J'accuse, un film magnifique qui tout à la fois dénonce l'antisémitisme et célèbre le courage de l'homme qui a osé défendre Dreyfus, pour qu'un nouveau scandale éclate. Je ne reviendrai pas sur ce nouveau lynchage qui a permis à certaines féministes excitées de réclamer qu'« on gaze » Polanski…
Aujourd'hui, lors d'une misérable cérémonie des Césars, on se moque de sa taille (« un nain»), on écorche son nom (Jean-Pierre Daroussin), on oblige un comédien à faire le salut nazi sur scène (!). Pour rire, bien sûr. Une écrivaine néo-punk à la dérive, amoureuse des frères Kouachi, crache son venin dans Libération sur un réalisateur de films dont le talent la dépasse. On en revient aux bonnes vieilles méthodes en vigueur en Allemagne ou en URSS il n'y a pas si longtemps. Et cela ne scandalise personne…
Vite ! Passons à une autre « affaire » !
Par exemple l'affaire Josette Bauer, bien plus intéressante !
17:30 | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
En quoi cette affaire est liée à de l'antisémitisme ? Selon plusieurs sources Polanski n'est pas juif, sa mère était catholique.
Écrit par : JP Borgeaud | 04/03/2020
Merci pour cette chronique, par les temps qui courent, de tels propos font du bien !
Écrit par : Mathilde Lavenex | 05/03/2020
https://fr.wikipedia.org/wiki/Roman_Polanski
Écrit par : C. Maurice | 05/03/2020
Pour peut-être vous inviter, entre autres, à ne plus utiliser le terme "lynchage" comme on se mouche, par exemple:
https://blogs.mediapart.fr/karelmenin/blog/050320/incorruptible-haenel-mon-cher-wilson
Écrit par : karim karkeni | 06/03/2020
"Polanski n'est pas juif, sa mère était catholique" Alors comment expliquez-vous qu'il soit un survivant du ghetto de Varsovie ?
Ca m'avait échappé que qqn avait fait le salut nazi pendant la cérémonie des Césars. La France et son "intelligentsia" (hm hm) est décidément tombée bien bas. De façon générale, il est interdit de défiler au carnaval avec tout ce qui ressemble à des costumes rayés ou des mèches+moustaches. Alors faire un salut nazi ou même une quenelle devrait entraîner une condamnation morale. Tout comme le tweet disant qu'il faut gazer Polanski (franchement abominable)
A tous ceux qui disent que nous sommes de retour dans les années -30, je crains que ça ne soit vrai, en effet.
Écrit par : Arnica | 06/03/2020
>>
La judaïté se transmet par la mère et non par le père.
Roman Polanski ne peut donc être qualifié de juif au sens religieux du terme, même s'il appartient à une famille dont les membres ont des origines juives.
Par ailleurs, il n'est pas survivant du ghetto de Varsovie, mais de Cracovie.
>
Ce qui ne l'empêche pas d'être victime d'attaques antisémites en raison des drames qu'il a vécu avec sa famille.
Écrit par : JP Borgeaud | 06/03/2020
Je vous dis le fond de ma pensée au risque - oh bien mesuré - de me mettre à dos les légalistes de tout poil : je comprends que Roman Polanski ait fui la justice américaine. Déjà à l'époque, le procureur californien en charge de son affaire voulait sa peau. Finalement, la faucheuse a eu raison du juge rongé de haine pour l'artiste talentueux. Je mets un lien vers une chronique de Patrick Eudeline dont j'apprécie le ton :
https://lincorrect.org/patrick-eudeline-lincorrect-cesar-cinema-viol-2/
PS : Concernant "La scandaleuse Madame B." , le roman de Pierre Béguin, je vous reçois 5/5. Quel bouquin !
Écrit par : Malentraide | 06/03/2020
Désolée Monsieur mais personnellement j'ai dénoncé sur les commentaires publiés sur FBK la vindicte populaire, le côté moyenâgeux de cette mise au pilori qui est une des bases du populisme . Il a été jugé pour cette triste affaire il y a plus de 40 ans. Sa victime a publiquement demandé à ce que l'on la laisse tranquille et lui a pardonné. Hurler avec les loups non merci ! la politique du bouc-émissaire non merci. Florence Foresti aurait pu s'abstenir d'un spectacle ennuyeux et vulgaire, teinté de narcissisme. Serait-elle rendue au maximum de ses possibilités en tant qu'humoriste ?
Écrit par : PAKOSZ Françoise | 07/03/2020