Un petit décodage sémiologique (02/12/2019)

Par Pierre Béguin

Un ami en promenade dans la vallée de Joux tombe sur ce panneau que les autorités viennent de fixer tout autour du lac, dans les endroits dangereux ou au pied des drapeaux indiquant si la marche ou le patinage sont autorisés sur les eaux gelées.

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Vous ne remarquez rien? Un petit décodage sémiologique s’impose…

De haut en bas:

Sur la première ligne, une personne se noie bêtement dans les eaux glaciales: un  homme, bien entendu.

Sur la deuxième ligne, un patineur complètement idiot patine du mauvais côté: encore un homme, bien entendu. Alors que, du bon côté, une personne a bien compris où il faut patiner: une femme, bien entendu.

Sur la troisième ligne, un patineur encore plus idiot brave l’interdiction du drapeau rouge: toujours un homme, bien entendu. Alors que, lorsque le drapeau est au vert, une personne a compris qu’elle pouvait patiner en toute sécurité: une femme, bien entendu.

Sur la quatrième ligne, un imbécile inconscient jette des pierres sur la glace. Ah, le con! Un homme, bien entendu. Pire, une personne est blessée à cause des jets de pierre du gros connard inconscient: encore une femme victime, bien entendu…

Que les féministes veuillent éradiquer les stéréotypes dont elles sont victimes, je souscris. Mais ne seraient-elles pas en train de nous fabriquer en retour des usines de clichés anti-mâles auxquels ces derniers devraient se soumettre en signe de repentance? Car ce panneau – un exemple parmi beaucoup d’autres – est radicalement et ostensiblement sexiste, nul(le) ne peut le contester. Et pourtant, je parie que personne ne s’en offusquera.

Imaginez un instant que l’on inverse les figures: le tollé chez les Gorgones! Ce panneau inonderait les réseaux sociaux du monde occidental, et les autorités de la vallée de Joux n’achèteraient pas leur rédemption, même en parcourant Le Pont – Saint Jacques de Compostelle sur les genoux, même en se flagellant, même en payant leurs indulgences en taxes CO2, même avec leur photo en couverture de L'illustré.

Dans le même temps, un petit mirliton de politicien "mâle" qui a qualifié une journaliste d’adolescente écervelée voit tomber sur lui les foudres des commissaires du peuple et de tout le politburo écolo-féministe prêts à émasculer ce sale macho sexiste ayant osé reproduire les pires stéréotypes anti-femmes. Z’avez dit deux poids deux mesures?

Pour le moins, ce panneau fixé autour du lac de Joux, outre les précautions d’usage, nous rappelle une vérité que les hystéries ambiantes tentent d’occulter: les hommes n’ont pas le monopole du sexisme, pour reprendre une formule célèbre.

Messieurs, ne serait-il pas grand temps de réagir au lieu de se laisser passivement manger les stéréotypes sur le dos? Et les autres aussi, les opportunistes et les sincères qui hurlent avec les louves, les "journaleux" et le politburo des verts prompts au prêchi-prêcha ou aux anathèmes, ceux qui ont peur du bâton et celles toujours prêtes à brandir l’étendard victimaire… J’aimerais bien vous entendre sur ce sujet.

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