Les Carnets de CoraH (Épisode 73) (13/01/2019)

Épisode 73 :  Marc JURT en rêvant : Quo vadis

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Deux univers sur cette gravure s’emboîtent et se juxtaposent comme le point d’orgue d’une réflexion que mène l’artiste sur son parcours. Deux mondes distincts sont ici représentés, de nature opposée. L’un, travaillé au trait, sonde la structure d’un phénomène naturel (une élévation, une fabrication, une germination), l’autre, intuitif et spontané, traverse la page de bas en haut laissant des traces d’un bleu plus ou moins intense qui chahutent vers la masse ovale au contour appuyé (une auréole, un œil, un œuf).

L’incruste propose une vision microscopique de la création, une sorte d’horizon extraterrestre, une jungle presque apocalyptique et crevassée d'où jaillissent des tiges, ou plutôt des queues que sont les flagelles frétillantes, prêtes à s’élancer hors des tubes dans une course folle. Nous sommes en pleine genèse, en plein travail, « sang, sueur et larmes » après la dormance hivernale.  

La toile de fond évoque, de manière éthérée et espiègle, ce désir permanent et inlassable de procréer. L’ovule auréolée attire et élève naturellement tout ce potentiel vers elle. C’est l’être qui aimante par l’esprit et l’effusion des sens, qui lie et rend captif par choix ou par accident.  

Quo vadis ? Où vas-tu ?

L’artiste s’adresse-t-il à son ambition et à la gloire ? L’action productrice (la poïésis) mène-t-elle avec bonheur à la postérité ? Pourrait-elle s'accommoder d'une contingence de chair et d’os, d'un peu de chaos pour fusionner les mondes et faire bouger les plaques avant le big bang ? L’artiste suspend sa réflexion car il arrête le trait et fixe le parcours au point de fusion.

Marc JURT. Quo vadis, 2004. Aquatinte au sucre et aquatinte en bleu sur deux plaques 28,1 x 19 et 6 x 15,8 cm (28 x 19 cm).

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