Jean-Yves Dubath, Un homme en lutte suisse (09/09/2016)

 Par Alain Bagnoud

 

  Jean-Yves Dubath, Un homme en lutte suisseCeux qui ont la gentillesse de lire quelquefois mon blog savent que je suis un admirateur du travail de Jean-Yves Dubath. Je me réjouis de le lire à chaque fois qu'il publie quelque chose : sept livres déjà. Et peut-être que le dernier est son meilleur.

 

Un homme en lutte suisse propose des éléments déjà présents dans ses textes antérieurs : une écriture baroque, une manière de tourner autour des choses plutôt que les aborder franchement, une attention à des grandes figures exceptionnelles, une implication de l'Histoire, grande et petite, en filigrane des destins…

 

Tout ceci, donc, dans Un homme en lutte suisse, est présent, et comme transcendé par une sorte de tendresse : celle que, manifestement, Dubath éprouve pour les lutteurs suisses, ces colosses qui incarnent plus qu'eux-mêmes.

 

On peut voir dans ces hommes une incarnation de l'authentique, du local. Le sport est limité géographiquement, ses règles simples et pittoresques, ses lutteurs sont des gymnastes ou des paysans qui s'entraînent après avoir chargé des centaines de bottes de foin sur des chars… Des hommes simples qui peuvent devenir des célébrités : le roi de la lutte fédérale est une star qui gagne des fortunes en Suisse allemande, les principaux athlètes ont leur fan-club…

 

C'est cette ambiance « nationale » qui donne une touche exotique au roman de Dubath : il nous parle d'un folklore qui n'a pas grand chose à voir avec la plupart d'entre nous : ne me dites pas que vous êtes proche de tout ce cirque de taureaux amenés dans l'arène, de cors des Alpes, de lanceurs de drapeaux, de conseillers fédéraux et de chemises edelweiss...

 

  Jean-Yves Dubath, Un homme en lutte suisseOr, dans Un homme en lutte suisse, on se retrouve au cœur de cet univers. Le roman se résume ainsi : le narrateur est un lutteur qui a fauté lors d'une rencontre de Corgemont. Du coup, il décide d'entrer à la chartreuse de la Valsainte. En chemin, les souvenirs lui reviennent, des rencontres de lutte auxquelles il a assisté ou participé.

 

Et c'est passionnant. Par sa connaissance impeccable du sport et de son histoire, par l’énumération d'une ribambelle de noms typiques, par sa manière allusive de recréer l'ambiance des luttes et de nous en expliquer les principes et les prises, Dubath donne une saveur délicieuse à ses descriptions.

 

 

 

Jean-Yves Dubath, Un homme en lutte suisse, BSN press

 

09:06 | Lien permanent | Commentaires (0)