Le silence éternel des espaces politiques (09/12/2015)

Par Pierre Béguin

Le 20 novembre 2009 – soit une semaine avant la votation sur le CEVA que les politiques avaient tout fait pour éviter, mais finalement rendue nécessaire par l’énorme dépassement du budget – j’écrivais ces mots dans Blogres (cf. CEVA en Rade):

«Je m’interroge. Maintenant que sont avérées les pertes endémiques de l’exploitation du Stade de la Praille, maintenant que des voix s’élèvent sérieusement pour demander la destruction d’un ouvrage de 130 millions dont l’utilité est fortement remise en cause, maintenant que plus personne ne veut assumer les deux millions de perte annuelle d’exploitation, le silence éternel des espaces politiques m’effraie. Alors que, pour réclamer sa réalisation, les élus vociféraient de toute part, remplissant le canton de leurs coutumières jérémiades sur la difficulté de réaliser des grands projets à Genève, fustigeant la frilosité ambiante et la mesquinerie de certains ressortissants grincheux trop repliés sur leurs intérêts, brandissant les pires menaces quant à l’avenir de la ville sur la scène européenne et celui du Servette FC sur la scène internationale, et s’en prenant sans vergogne aux rares personnes (Christian Grobet en tête) qui osaient s’opposer à un projet de toute évidence mal ficelé, aux coûts non maîtrisés (plus du double en finalité!), aux conditions de rentabilités impossibles à remplir mais, bien évidemment, comme nos politiques en ont pris l’habitude, soigneusement cachées au c… de votant. Où sont ces forts en gueule? Que sont leurs thuriféraires devenus? Pourquoi ce silence? Où sont passés ces chantres de la turlute immobilière? Ces Nostradamus de l’économie genevoise? Ces fanatiques de la misère de l’homme sans eux? Ces grands maîtres de la menace et du catastrophisme? Où vocifèrent-ils maintenant? Ah! là je sais. Suffit d’écouter. Ecoutez… Voilà! Vous les entendez? Vous entendez ces mêmes vociférations, ces mêmes menaces, ces mêmes mensonges, ces mêmes prédictions, ces mêmes critiques sur les mêmes cibles avec les mêmes raisons. Tous unis derrière CEVA! Car si CEVA ne se réalise pas, la menace est claire: plus rien ne se réalisera à Genève, pas même la nouvelle Comédie, comme le prétend sans vergogne un élu socialiste. Pourquoi tant de mensonges?»

Je ne change pas un mot à ce billet: au silence politique et médiatique qui s’était installé après le fiasco avéré du stade de la Praille s’installe le même silence concernant le CEVA. Avant que le projet ne soit entériné par la votation du 29 novembre 2009, la moindre petite critique formulée contre ce projet entraînait réactions passionnées et même insultes de thuriféraires de tous poils. Et maintenant? Je ne trouve plus personne pour me contredire au «café du Commerce». A croire que cette panacée de la mobilité censée sauver Genève de l’étranglement ne réunit plus un seul partisan. Idem dans Blogres. Où sont passés tous ces messieurs (j’ai les noms!) aux prompts commentaires hautains, dédaigneux, voire insultants – la plupart cachés derrière des pseudos – en réaction à mes articles critiques écrits entre 2007 et 2009? Face aux mensonges avérés du CEVA: «Où sont ces forts en gueule? Où sont passés ces chantres de la turlute immobilière? Ces Nostradamus de l’économie genevoise? Ces fanatiques de la misère de l’homme sans eux? Ces grands maîtres de la menace et du catastrophisme? Que sont leurs thuriféraires devenus? Où vocifèrent-ils maintenant?».

Oui, tiens! Où vocifèrent-ils maintenant? C’est curieux, je n’entends rien… Les caisses de l’Etat doivent être vraiment vides. Là, pas besoin d’être Nostradamus pour jouer les Cassandre: sur la fonction publique et les contribuables, très bientôt «it’s a hard rain‘s gonna fall…»

 

 

 

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