Les enfants seuls de Céline Cerny (12/06/2015)
Par Alain Bagnoud
Céline Cerny fait parler les enfants. Mais on n'est pas dans un paradis vert et rose. Les enfants seuls rappelle plutôt que les bambins sont des radars sensibles, intelligents, fragiles et implacables.
Céline Cerny s'attache aux moments forts où des révélations leur adviennent, quelquefois tendres, souvent brutales, parfois cruelles, qui produisent des ébranlements. De ceux que nous avons tous vécus, que ce livre ravive.
Il arrive dans les courts récits que les parents soient aimants. En général, ils apparaissent comme Jéhovah : tout puissants et incompréhensibles.
Mais les impressions qu'en reçoivent les enfants sont lucides. Ils vivent dans un système de règles qui s'imposent, qui se contredisent, qu'il n'est pas possible de contester mais qu'ils perçoivent clairement, et auquel ils s'adaptent. On ne juge pas – ou on commence de juger à l'adolescence, comme Valentine, quatorze ou quinze ans.
Valentine entre avec son cousin dans l'atelier de son grand-père peintre, qui ne la reconnaît pas, qui la prend pour l'amie de son petit-fils : « Je voyais la convoitise sourdre des coins de sa bouche, un vieux coq au cou dressé. Le grand-père affichait sa suffisance, un cavaleur au sourire inépuisable et dans ses yeux, une lueur torve et carnassière. »
Céline Cerny, les enfants seuls, éditions d'autre part,
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