Sexe, Père Noël et Cie (26/12/2014)

Par Pierre Béguin

 

A passé huit ans, elle y croit, ma fille. Elle y croit encore au Père Noël. Plus vraiment celui qui vient à la maison avec sa hotte sur le dos avant le repas de famille parce que, lui, il n’a pas les vrais souliers du Père Noël et il porte une fausse barbe. Mais celui qui vient durant la nuit de Noël, auquel on a transmis les souhaits de cadeaux, celui qu’on ne voit jamais et qu’on aimerait bien surprendre en flagrant délit de cheminée. A celui-ci, elle a laissé un mot avec une tranche de panettone. Et ce Père Noël là, le vrai, a mangé la tranche de panettone avant de déposer sous le sapin  les cadeaux qu’elle désirait…

La petite souris, elle y croit et elle n’y croit plus. Tout de même, une petite souris qui apporte la nuit quelques pièces qu’elle pose à côté de la dent, c’est étrange! Elle doute, oui, mais puisqu’il faut croire pour avoir quelques pièces, alors croyons!

Le Père Fouettard, peut-être fait-elle semblant d’y croire pour se donner des frayeurs. Elle ne l’a jamais vu, mais quelqu’un a dû lui dire que c’était un vieux monsieur barbu qui venait fouetter les enfants la nuit avec un martinet. Au fond, elle n’a pas peur. Jamais le Père Fouettard n’est entré dans la maison, et elle sait qu’il n’y entrera jamais. Papa veille…

Oui! Le Père Noël, la petite souris, le Père Fouettard, elle y croit et elle n’y croit plus. Elle doute. Elle croit quand ça l’arrange… Mais le sexe, maintenant, elle sait. Elle sait que le pénis des messieurs durci, se tend, pour mieux pénétrer dans le vagin et déposer les spermatozoïdes qui vont féconder l'ovule et qui donneront des bébés. Elle a été choquée quand le psychologue lui a expliqué ce phénomène à l’école au cours d’éducation sexuelle. C’est dégoutant! qu’elle nous a lancé en rentrant à la maison, moi, je ne veux pas que ça m’arrive! Pas de quoi s'inquiéter, certes. Et d'ailleurs, je ne m'inquiète pas, je m'interroge...

A moi, on m’avait expliqué les mêmes choses, avec des dessins, en première année du Cycle. J’avais treize ans. C’est fou ce que les enfants ont mûri depuis! De nos jours, c’est en 5P (anciennement, pour nous, 3e primaire) qu’on leur tient à peu près ce langage. Les années précédentes, c’était un peu plus tard dans le cursus primaire, mais il paraît – selon les psychologues – que ce n’était pas assez tôt. Huit ans, neuf ans, ce doit être le bon âge…

Personnellement, j’ignore quel est le bon âge, s'il y en a un. Mais je sais – parce que le simple bon sens me l’enseigne – qu’il existe des mondes incompatibles entre eux, des mondes qu'il faudrait éviter d'interconnecter. Et un monde où peuvent exister le Père Noël, la petite souris et le Père Fouettard n’a que faire de celui où le pénis des messieurs durci, se tend, pour mieux pénétrer dans le vagin… La virginité, la vraie, celle de l’ignorance, c’est le dernier cadeau du Père Noël. Que le DIP soit bien certain de ne pas en priver les enfants trop tôt!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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