Les fables de La Fontaine et l’initiative de l’UDC contre « l’immigration de masse » (19/02/2014)

 

 

par Anne Bottani-Zuber

 

Il était une fois un pays prospère. Cependant certains grincheux se lamentaient : ils voulaient bien être prospères, ça c’est sûr, mais ils n’aimaient pas les allées et venues des étrangers, qui troublaient la tranquillité de leurs verts pâturages.

Les grincheux devinrent de plus en plus nombreux et décidèrent alors démocratiquement de diminuer drastiquement la présence de ces gens qu’ils ne connaissaient pas.

 Mais les grincheux avaient oublié que ces gens venus d’ailleurs allaient et venaient pour soigner les malades, s’occuper des vieillards, fabriquer des montres, enseigner dans les universités, inventer de nouveaux circuits dans les ordinateurs, couper des salades, traire des vaches, construire des maisons, des routes et des ponts.

 Les grincheux voulaient prospérité et tranquillité. Ils perdirent l’un et l’autre.

 

« Un tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l’auras

L’un est sûr, l’autre ne l’est pas » (le Petit poisson et le Pêcheur)

Nous allons nous organiser autrement, disaient ceux qui grinchaient dans ce pays prospère. Rien qu’entre nous, ça sera mieux. Bien mieux. Nous n’avons pas besoin d’eux. Oui, c’est ça, restons entre nous et il y aura des emplois pour chacun, de la place dans les trains, des maisons en suffisance, on pourra rouler sur nos routes sans craindre les bouchons, notre air redeviendra pur, et les coffres de nos banques déborderont de billets.

 « Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus

Qui du soir au matin sont pauvres devenus

Pour vouloir trop tôt être riches ? » (la Poule aux Œufs d’Or)
 

Ces gens d’ailleurs nous volent, disaient les grincheux en grinchonnant, parce qu’ils viennent chez nous soi-disant pour travailler et puis ils se mettent au chômage et nous devons les entretenir. Qu’ils s’en aillent donc !

 Les gens d’ailleurs sont rentrés chez eux. Plusieurs entreprises sont parties s’installer sous d’autres cieux. Ce sont les grincheux à présent qui risquent de se trouver au chômage.

 « C’est ainsi que le plus souvent

Quand on pense sortir d’une mauvaise affaire

On s’enfonce encore plus avant. » (la Vieille et les Deux Servantes)

 

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