Suisse à droite sans limite? (29/01/2010)
Par Alain Bagnoud
Ce livre collectif est salutaire. Il s'attache à mettre à jour les mécanismes de l'UDC, à montrer comment ce parti a fait pour peser de tout son poids sur la politique et les mentalités suisses depuis une quinzaine d'années, les entraînant ainsi dans son orbite.
On y voit que l'UDC ne s'appuie pas seulement sur un peuple mythifié et fantasmatique qui s'opposerait à des élites tout aussi insaisissables: des intellectuels ont aussi été séduits. Vous les connaissez. Ils servent la soupe dans les médias: rédacteurs en chefs ou sociologue paradant à la télévision, dont le rôle est de proclamer que l'UDC « fait tomber les tabous » et « pose les vraies questions ». Une manière d'insinuer qu'il est légitime de s'attaquer aux plus faibles.
Des analyses précises décortiquent les rouages de la machine populiste. François Masnata en fait une étude sociologique, Jérôme Meizoz interroge son rapport à la culture, Bertrand Müller examine sa relation à l'Histoire, Jean-Michel Dolivo dénonce les atteintes à la liberté, etc.
Tout ceci pose finalement la question de savoir dans quel pays nous voulons vivre. Celui que conçoit l'UDC? Une Suisse qui suggère que les pauvres sont des salauds, qui fait la chasse aux plus faibles, aux chômeurs, aux handicapés, sous prétexte de soit-disant abus, qui favorise aveuglément l'accumulation de l'argent et du pouvoir dans un petit nombre de mains? Une Suisse incapable d'affronter les problèmes posés par le monde actuel et qui se focalise sur des boucs émissaires? Une Suisse qui se sent élue face au Mal incarné par l'étranger et le cosmopolite? Une Suisse dont la culture serait faite par les fanfares, les chœurs d'hommes, les festivals folkloriques et les poèmes d'Oskar Freisinger?
Suisse à droite sans limite? Jean-Michel Dolivo, Bertrand Müller , Martial Gottraux, François Masnata, Jérôme Meizoz, Grégoire Müller, Jean-Pierre Tabin et Pierre Raboud, préface de Daniel de Roulet, Editions de L'Aire
11:25 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
"Tout ceci pose finalement la question de savoir dans quel pays nous voulons vivre."
On ne saurait mieux dire !
"Une Suisse qui se sent élue face au Mal incarné par l'étranger et le cosmopolite?"
Non pas élue, mais distincte et qui tient à le rester quand elle se compare aux foutoirs qui occupent la surface émergée de la planète !
Et ceux que ça gênent ont toujours la possibilité de se replier sur les foutoirs en question, sans perdre toutefois de vue qu'ils n'y seront pas forcément les bienvenus.
"Une Suisse dont la culture serait faite par les fanfares, les chœurs d'hommes, les festivals folkloriques et les poèmes d'Oskar Freisinger?"
Sans qu'au demeurant cela ne nous pose aucun problème d'y ajouter Byron, Kodaly, Amiel, Sibelius, Goethe, Lully, Veraeren, Mozart, Alfieri, Beethoven, Villon, Chopin, Lomonossov, Tchaichovsky, Petöfi, Lipatti, Anacréon, Purcell, Lagerkvist, Granados et quelques milliers d'autres.
P.S. - C'est toujours un grand réconfort de voir à quel point certains en crèvent de vivre en Suisse, où les requérants d'asile n'ont pas la cote :o)
Écrit par : Scipion | 29/01/2010
Il est toujours révélateur de voir que de pseudo intellectuels soient déjà en retard par rapport à la réalité de notre temps. Grosso modo, nous avons l'impression que l'UDC est le Mal absolu, alors que le foutoir rampant de notre société est le pur produit des autres partis gouvernementaux, incapables, à gauche comme à droite, de s'occuper des affaires de notre pays.
Bref, un livre totalement dépassé, rien qu'en regardant l'augmentation de la criminalité, alors que l'UDC était le seul parti à tenter de prévenir un tel fléau...
Écrit par : Bob | 29/01/2010