Des Anges mineurs, par Antoine Volodine (18/12/2009)

Par Alain Bagnoud

volodine01.jpgElli Kronauer, Manuela Draeger, ou Lutz Bassmann  qui a un site ici et un blog là (entre aures) sont les principaux écrivains du genre qui s'appelle le post-exotisme. Un genre nouveau dont je n'ai lu pour l'instant que Des anges mineurs, d'Antoine Volodine.

Ce dernier nom vous semble peut-être plus familier que les précédents. En fait, tous sont des hétéronymes d'un seul homme né en 1949 ou 1950 à Lyon ou à Chalon-sur-Saone, qui a commencé par publier dans une collection de science-fiction, chez Denoël, avant d'émigrer vers les prestigieuses maisons Minuit, Gallimard et Seuil.

Les mystères autour de cet écrivain font partie d'une stratégie littéraire globale. Volodine veut justement miner la notion d'auteur, et construit pour cela une œuvre très cohérente.

Le post-exotisme est, selon lui, « une littérature étrangère écrite en français », « une littérature de l’ailleurs qui va vers l’ailleurs ».

Des anges mineurs contient 49 petits récits, appelés des narrats, qui peuvent se lire dans l'ordre ou en miroir, le premier correspondant avec le 49, le 2 avec le 48, etc. On comprend peu à peu qu'ils sont racontés par un personnage, Will Scheidmann, mais finalement, celui-ci a peut-être été rêvé par une Maria Clémenti, nous révèle le narrat 43. Bref: pas plus de narrateur que d'auteur.

Des personnages par contre, mais mal définis, dont les noms reviennent au fil des pages, parfois au premier plan, d'autres fois en arrière-plan, dans une mini comédie humaine balzacienne. Les décors sont ceux d'une sorte d'Asie des steppes. Ça se passe dans une époque post-apocalyptique. Ça va vers la disparition, la destruction, l'extinction.

Des gens errent ou campent dans des ruines, l'Histoire est finie, les génocides et les catastrophes ont eu lieu, il n'y a plus d'espoir. La seule ouverture est un humour noir dévastateur.

Une écriture radicale, un univers onirique, sombre, habité par le chamanisme, l'hallucination: dire que ça change de ce qu'on lit habituellement est un euphémisme.

 

Antoine Volodine, Des anges mineurs, Points Seuil

 

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