Coeur en berne (09/12/2009)

Par Tomoto

 

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Michel Bühler se considère comme un vieil ours. Il a gagné sa vie en chantant, traversé le Sahara et beaucoup voyagé, à titre humanitaire, journalistique ou privé: Chili, Nicaragua, bande de Gaza, Brésil, Géorgie, Haïti, Moscou, Pologne, Syrie etc. Il lui arrive d’écrire des livres. Dans “Un si beau printemps”, il nous dit combien il est agréable de posséder un appartement à Paris, une ferme dans le Jura et un chalet en Valais qu’il a retapé avec ses potes, combien il est agréable de vivre aux côtés d’une femme qui l’aime et qu’il aime. Bühler nous parle comme s’il était au coin d’un bon feu de cheminée. De quoi parle-t-il? De la révolution, de la colère qui l’habite. Il a lutté toute sa vie pour un monde meilleur, où chacun aurait accès aux biens de première nécessité, aux soins hospitaliers, au savoir, à la culture, au respect, à la considération.
Le livre qu’il nous donne aujourd’hui, il l’a écrit dans un moment de doute, de rancune et de nostalgie. Au lieu de lire Nietzsche ou “L’Homme du ressentiment”, il a relu les classiques du libéralisme (politique et économique), et il s’offusque de voir les rangs des démunis, des misérables, des rebuts de la société augmenter vertigineusement dans nos villes et nos banlieues. Ce coup de gueule est tempéré par l’âge et la venue d’un si beau printemps (temps de l’écriture). On s’oriente alors vers un hymne à la vie. Car Bühler est un homme généreux. Il aime viscéralement la vie, les copains, le partage, le vin blanc bien frais, le tartare et les grillades, les discussions, la musique. Il aime la jovialité et la couleur. Oui, la couleur. C’est pourquoi, écrivant ce livre aigre-doux, il s’adresse à des sortes de neveux dont la mère suisse avait épousé un Sénégalais. On entend alors la chanson de Diam’s: “Marine, pourquoi t’es si pâle, viens faire un tour chez nous, c’est coloré, c’est jovial”.
Ces neveux se nomment Baptiste (né en 1983), Younouss (1985) et Alfaly. Ce sont des métis d’une sidérante beauté, d’un charme inénarrable. C’est pour eux que le camarade Bühler a eu envie d’écrire ce livre qui devrait les (nous) faire réfléchir.

 

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