Bête que je suis, de Gilbert Pingeon (09/10/2009)
Par Alain Bagnoud
« Plus je connais les hommes, plus j'aime les bêtes. » Gilbert Pingeon pourrait retourner le dicton: « plus j'aime les bêtes, et plus je connais les hommes. »
C'est en parlant de nos amis les animaux qu'il réussit en effet un joli traité de réflexions personnelles sur des sujets tels que le cerveau, la conscience, l'animalité, le goût de l'ordre, le vivant, la reproduction, la communication, la nourriture, la loi, la souffrance...
Je vous entends. Ces thèmes sont un peu vagues, vous trouvez. Un peu bateaux.
Mais justement, le biais trouvé par Pingeon, son angle d'attaque leur donne une approche tout à fait concrète. « Quelle sorte d’animal suis-je? » se demande-t-il avant de s'exhorter: « Les animaux t’offrent le reflet de ta part animale. A toi de la reconnaître ! »En interrogeant leur condition et en la comparant avec la nôtre, l'auteur touche à des points sensibles.
Alors, livre de philosophie que ce Bête que je suis? Gilbert Pingeon n'est pas métaphysicien et il le sait. Il avoue avoir fait de nombreuses lectures, avoir hésité longtemps avant d'empoigner le sujet, se demandant s'il était capable de le traiter.
Bête que je suis est en fait surtout un livre d'écrivain, qui use de toutes les ressources de son art, mêle prose, poèmes, dialogues théâtraux entre le narrateur et la grenouille, l’éléphant, le chien, l’âne… La vivacité et le ressort de ces derniers est particulièrement à relever. Mais l'ensemble du texte, tenu par une interrogation lancinante, intéresse à cause de la sincérité de l'auteur, de la cohérence de la démarche, de la tenue des réflexions, de la variété des procédés et de la qualité du style.
Gilbert Pingeon, Bête que je suis, Editions de L'Aire
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