Murmure du monde (19/03/2009)

par Pascal Rebetez

J’ai rencontré un homme qui, sans cesse, avait les yeux en mouvement dans les rues de Cotonou que nous arpentions dans un mauvais taxi cahotant. Au terme des rencontres littéraires qui ont sans doute, plus qu'autre chose, permis notre reconnaissance réciproque, on s’est échangé nos livres. Celui de Lambert, je l’ai lu hier soir et c’est du fort tabac ! ça s’appelle Murmure du monde et c’est paru au Castor Astral il y a trois ans. Je laisse à Pascale Arguedas le soin d’en parler, vu qu’elle en parle bien :

« Ce livre est un véritable puzzle littéraire, érotique et érudit. En une centaine de fragments, un homme flâne, espérant accueillir le matin au lieu de le subir, tentant de combler un immense déficit qui lui donne le vertige, cherchant ses mots avec l’angoisse de trébucher, mais risquant pourtant des alliances osées ou incongrues qui soudain émerveillent, car la poésie étincelle dans ses failles introspectives. (…) On est bercé par des poètes chinois qu’on se promet de découvrir, heureux de retrouver des auteurs communs qu’on va relire. On écoute ce Murmure du monde une fois, deux, trois fois, pour essayer de tout entendre, convaincu que l’auteur aura toujours le dessus. Mais on se laisse faire car sa voix dorée envoûte, touche le coeur. Malgré les plaies ouvertes, Lambert Schlechter aime la vie, celle qui passe par les érections les plus vivaces, les câlins les plus tendres, une boulimie de lectures dont il nous honore. Le Littré, Montaigne, Pessoa, Kafka, Bernhard, Walser et tant d’autres lui murmurent des questions éternelles qui débordent les siècles, et, peut-être, des réponses humaines. Bonheur de lire un poète humble et savant qui n’en finit pas d’écrire élégamment et sans pleurer sur ses douleurs. Un homme aimant, sage, patient, en quête permanente de justesse et de sens. « [...] c’est Dhôtel qui disait ça : écrire pour voir ce que ça donne… » Lire lentement Schlechter pour voir ce que ça apporte, ce que ça entrouvre comme portes, comme émotions… »

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