Marie Coquelicot (12/02/2009)

par Pascal Rebetez

J’avais un peu oublié ce texte et le spectacle réalisé en création pour le Festival de la Bâtie en 1985. Avec Anne-Marie Delbart, nous avions vécu intensément ce destin de femme à part, ballottée par la vie. Le spectacle lui-même avait connu un vif succès public et critique et nous avions eu l’occasion de le jouer un peu partout en Suisse romande ainsi qu’à Paris au Centre culturel suisse. Mais les années passent avec son cortège d’oublis, ses fantômes et sa chaîne de mots qui tout à coup réapparaissent et veulent à nouveau se faire entendre.

Est-ce bien raisonnable ?

Quand Isabelle Maurice m’a sollicité pour obtenir l’autorisation d’utiliser le texte, j’ai d’abord dû le retrouver ! Dactylographié comme il se doit dans l’antiquité d’avant l’ordinateur, je l’ai relu et fortement ressenti. Oui, on peut redire ces mots, je suis d’accord, ils ont gardé leur saveur et leur capacité d’indignation. La grande machine à broyer les consciences a fait quelques tours de plus, mais la voix des « petites gens » est toujours à entendre, et même si de nouveaux vocables sont apparus pour nommer l’innommable – quart-monde, working poors, SDF, mendiants roms – la réalité rejoint désormais ce que la fiction pressentait il y a vingt-cinq ans : si le naufrage humain est avant tout individuel, il y a bien un système qui fabrique les galères.

Le théâtre dès lors doit continuer à flotter et le plateau qu’envisagent Isabelle Maurice et Pierre Miserez me semble de taille à naviguer parmi les écueils des représentations contemporaines.

Avec Marie Coquelicot, je persiste et signe !

à voir dès mardi au Théâtre St-Gervais.

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