Double U comme Ubu (25/01/2009)

Par Pierre Béguin

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Il est des Présidents ou des leaders assassinés dont le destin tragique scelle les fiançailles avec le mythe. Comme Kennedy ou Martin Luther King. Un échelon en-dessous, il en est d’autres qui échappent miraculeusement à l’attentat et, donc, à la mythification. Comme Reagan ou le Pape. Ceux-ci doivent se contenter d’entrer dans l’Histoire (encore que le Pape, lui, contrairement à l’autre, a su s’élever tout près du mythe par le pardon accordé à son agresseur). Et puis il y a ceux dont le destin s’obstine à tirer vers le bas jusqu’au grotesque. Comme «double U» Bush ou Ubu. Des personnages de théâtre guignol. Ceux-ci ne font qu’échapper à un lancer de godasses, à un attentat au bretzel ou à une attaque d’ours. On a le destin qu’on peut. En l’occurrence, celui réservé à ces figurines placées au fond des baraques de fêtes foraines et que le chaland est chargé de dégommer à l’aide de boules de chiffon, attraction nommée «jeu de massacre» depuis 1889.

Certes, dans ce sens, le rôle d’Ubu semblait définitivement attribué à l’ex dictateur ougandais Idi Amin Dada. Il en avait l’apparence, la démesure et la barbarie. Toutefois, contrairement à son modèle littéraire, le dictateur africain avait le sens de l’humour. Souvenons-nous de son aide financière de 60000 livres pour sauver l’Angleterre, l’ancien colonisateur noyé dans la crise économique des années 70. Je ne sais si W Bush a le sens de l’humour. Mais son destin politique oui. Commencer son mandat par un étranglement au bretzel, subir l’affront des attentats du 11 septembre, s’embourber dans une guerre ridicule en Irak, affronter une des pires crises économiques, se voir attribuer le titre peu glorieux de «worst president ever», essuyer un lancer de godasses durant sa tournée d’adieu avant d’assister au triomphe de son successeur, déjà entré dans l’Histoire avant même d’avoir commencé son mandat, attendu comme le messie par le monde entier et qui, ironie suprême, a l’outrecuidance de porter le deuxième prénom d’Hussein, c’est aussi invraisemblable que le destin d’Ubu, pourtant peu banal. Quel écrivain ou cinéaste aurait osé imaginer un tel scénario, même dans la parodie? A tel point que, si le mythe pouvait côtoyer le grotesque, «double U»  y entrerait de plain-pied. Et, comme de bien entendu, il trébucherait sur le seuil…

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