ARTICLE OU PRODUIT? (06/01/2009)
Par Antonin Moeri
J’ai poursuivi l’enquête. Mon libraire préféré n’était pas à son poste ce jour-là. J’ai tendu une oreille attentive. Un autre libraire disait à son collègue: “- Tu vas lui faire une fiche d’évaluation? - Oui, bien sûr! - Tu seras pas trop salaud!” J’ai alors demandé si la pratique de l’évaluation s’était imposée dans ce commerce comme elle s’est imposée dans les entreprises privées et publiques. “Tout à fait, dit le jeune homme, là je dois évaluer une apprentie, elle vient de commencer, elle a dix-sept ans, je noterai si elle a un bon contact avec les clients, si nous lui apportons quelque chose et si elle nous apporte quelque chose au niveau du travail.”
Je croyais jusqu’à ce jour que le patron de cette librairie était un post-soixantuitard que l’auto-gestion passionnait. Pas du tout, dit l’employé qui m’avait accordé deux minutes d’attention, il vient de la banque, il applique directement les lois de la finance au flux des produits. Si l’auto-gestion l’a passionné un jour, il ne doit plus savoir très bien de quoi il s’agit.
Je me suis demandé en quittant l’établissement s’il fallait désormais faire mes commandes de livres ici ou dans la librairie tenue par des gauchistes, sise un peu plus loin sur le boulevard. Dès qu’on lui parle de produits, l’amateur de livres ne se sent pas en territoire ami. J’espère que, dans l’autre librairie, on ne me dira pas: “L’article est arrivé!!!”
01:20 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Monsieur Moeri,
Mai, mais 68 (ou l'inverse)!... C'était le siècle passé!
Vous êtes écrivain! Pourtant vous n'êtes pas vraiment à la page, ni même à la bonne page! Même votre caractère n'est plus adapté!
Vous devez avoir perdu le fil d'ARIAL. Votre vision post-soixantuitarde du monde ne doit plus vous permettre d'évaluer correctement les polices actuelles (même privées). Aujourd'hui, elles sont de caractère, non plus "situationniste", mais "évaluationniste"
Je ne voudrais pas vous faire l'article, mais le XXIème siècle sera "produit" ou ne sera pas! (Quel est l'olibrius qui aurait dit .... ?)
Pour preuve: voyez la dérive des produits dérivés, les produits d'appel vendus à la pelle, les produits surgelés à prix gelés, les produits bancaires et les banquiers, ces mâles à prix cassés! Sans oublier ce "produit" qui n'a pas de prix: la littérature! Et qui, pourtant, en possède une belle flopée. La devise des éditeurs: "n'imprimer que des primés!... T'es déprimé? Mais non! T'as "prix" un comprimé!
Écrit par : Père Siffleur | 06/01/2009
J’ai passé un agréable moment et une chouette lecture sur votre site internet.
Écrit par : produits bio | 30/11/2010
Pas du tout, dit l’employé qui m’avait accordé deux minutes d’attention, il vient de la banque, il applique directement les lois de la finance au flux des produits.
Écrit par : payday loans no credit check | 22/04/2011