Initiative 134 ou contreprojet? (16/11/2008)

Par Pierre Béguin

Je n’ai rien à voir avec REEL, je n’enseigne pas au Cycle d’orientation et, donc, je ne connais que par de vagues ouï-dire l’initiative 134 «Pour un Cycle qui oriente» sur laquelle le peuple genevois est amené à se prononcer le 30 novembre prochain. Aussi, en brave citoyen (ce qui, au rythme où vont les choses dans notre République, sera bientôt une autre manière de dire «en brave con» - oui, je sais, le futur est de trop!), je consulte la brochure Votation cantonale en page 18 pour m’informer sur le sujet. Et là, le choc! Une attaque en règle contre l’initiative avec lance-missiles, mines anti personnels et tout le tintouin. Attaque surprise et non revendiquée en plus! Pourquoi tant de haine? que je me suis alors demandé, moi qui croyais encore naïvement que L’essentiel en bref, ça voulait dire, comme c’est d’ailleurs le cas pour les autres objets de votation, informer de manière neutre et objective. La gueule de l’information! Manipulation évidente et, vu l’artillerie lourde utilisée, mensonges grossiers. Tout est nul, tout est faux, tout est à jeter dans cette initiative, disent-ils en toute objectivité. Alors que dans le contreprojet, tout est bon, tout est vrai, tout est à prendre, jurent-ils en toute honnêteté. Il y a là outrage manifeste à l’intelligence des citoyens. Ça mériterait le Tribunal! Alors cette semaine, par acte de justice élémentaire, je préfère laisser un droit de réponse à Mme Rita Bichsel, membre de REEL à l’origine de l’initiative 134. Elle n’est peut-être pas neutre, certes, mais bien plus crédible que cette inadmissible caricature de Pravda nommée Votation cantonale dont j’avais déjà fustigé la nullité il y a une année (voir Votez érotique). Lisez donc cette réponse avant de voter:

«Qui oriente précocement? 

L’initiative 134 oriente les élèves à la fin de la 7e.

A l’entrée en 8e, l’élève a le choix entre six filières clairement définies par leurs enseignements, leurs exigences et leurs débouchés.

Le contre projet oriente à l’entrée en 7e: trois regroupements A, B et C, comme actuellement.

A l’entrée en 8e, l’élève a le choix entre trois sections, définies uniquement en fonction de leurs débouchés.

Qui exclut les plus faibles?

L’initiative 134 offre aux élèves non promus de l’école primaire la possibilité d’entrer au Cycle d’orientation dans la classe de transition et d’y combler leurs lacunes.

Après l’année de transition, ils sont orientés dans un niveau de 7e comme tout autre élève promu du primaire et poursuivent en 8e et en 9e dans l’une des six filières, avec les autres élèves.

S’ils sont en échec, ils ne peuvent redoubler car ils passeraient cinq ans au cycle, ce que le bon sens - et le règlement - suggèrent d’éviter.

Le contreprojet n’accepte pas ces élèves au cycle.

Qui coûte le plus cher au contribuable?

L’application de l’initiative 134 n’implique en aucune manière des infrastructures ou des bâtiments scolaires supplémentaires, car elle ne demande pas davantage de classes, mais une répartition différente des élèves.

Selon les statistiques officielles (note du SRED n° 26), les effectifs du Cycle resteront stables jusqu’en 2025. Nul besoin donc de prévoir des constructions nouvelles.

L’initiative 134 ne demande rien d’autre que l’application de l’article 54 de la Loi sur l’instruction publique sur le soutien pédagogique, qui existe déjà!

Le contreprojet demande la mise en place d’un volumineux système de passerelles qui implique l’engagement de nombreux psychologues et conseillers d’orientation. Ces mesures seront extrêmement coûteuses pour les contribuables.

Qui surcharge la première année?

L’initiative 134 ne change rien à l’ensemble des enseignements qui sont dispensés actuellement en 7e. Et même, elle en réduit le nombre, car  l’étude du latin commencera seulement en 8e!

Le contreprojet envisage le latin pour tous en 7e. Ce changement représenterait  un poids supplémentaire énorme pour une bonne partie des élèves!

Qui est en adéquation avec les exigences croissantes des milieux professionnels?

Le lien des filières préprofessionnelles de l’initiative 134:

Filière d’orientation vers les professions commerciales, administratives, de la santé et du social,

Filière d’orientation vers les professions techniques et informatiques,

Filière d’orientation vers les arts et métiers,

avec les sept pôles prévus par la nouvelle loi sur la formation professionnelle:

Commerce, Services et hôtellerie/restauration, Santé et social, Technique, Arts appliqués, Construction, Nature et environnement

est immédiatement évident.

Le contreprojet fait reposer la définition de ses sections uniquement sur la destination et non sur les enseignements. Floues dans leur contenu et  hétérogènes dans leur organisation, ces sections trompent les élèves sur leurs réelles connaissances et compétences à l’issue de la scolarité obligatoire. C’est la reconduction assurée de la situation actuelle, qui est catastrophique, comme tout le monde l’a admis, de gauche à droite.

De toute évidence, l’initiative 134 «Pour un cycle qui oriente» est la seule capable de donner à Genève un cycle d’orientation  exigeant et formateur pour tous.»

Rita Bichsel  www.reseau-reel.ch

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