Big mother (04/11/2008)

HPIM3726.JPG
Par Antonin Moeri





Les hôtels construits sur l’île de Djerba pour les Européens moyens ayant réussi à économiser quelque argent, ces hôtels portent des noms éloquents: Palm Beach, Sun Club, Fiesta Beach, Golf Beach. Sur la terrasse de l’un d’eux, je fus arraché à ma rêverie par des hurlements: “Chier! L’ai raté, salaud! J’t’aurai, t’vas voir!” M’étant retourné, je vis un énorme gamin de sept ans crispé sur sa DS. On pouvait lire en grosses lettres imprimées sur son tee-shirt: WARREN.
L’homme qui semblait être son père, un homme taillé dans le roc, fine moustache noire et accent de Marseille, tirait placidement sur un cigare foncé. La mère avait posé ses coudes sur la table, dos rond, l’air avachi. Elle tirait sur sa Gauloise en fixant je ne sais quoi. Grande femme très bronzée, habillée avec goût. L’après-midi, on la voyait intégralement nue, étendue au bord de la piscine. La chambre de ce trio donnait directement sur la pelouse au bout de laquelle nous prenions les repas. Un matin, elle et lui mastiquaient en silence leur beignet. “Maman, je dois faire caca!” hurla Warren depuis leur chambre.
Me suis souvenu d’un assistant social rencontré lors d’un vernissage. La mère de cet assistant ne s’est pas contentée de lui torcher le derrière jusqu’à l’âge de neuf ans. Elle lui frottait énergiquement la fente avec une serviette humide, lui inspectant le trou avec gravité, trou qu’elle finissait par saupoudrer de talc. Le futur assistant social n’avait pu se dérober à la loi maternelle et il racontait cette histoire en esquissant un sourire poignant.
Au Santa Barbara Beach, me suis demandé qui éprouvait la plus grande joie: le fils crotté ou la mère scrupuleuse.

01:00 | Lien permanent | Commentaires (5)