La poésie et le magistrat (09/10/2008)

 

 

par Pascal Rebetez

 

 

J’ai d’abord salué de loin l’homme assis sur un banc. Je le connais d’autrefois quand nous voulions lui et moi être comédiens. Dorénavant, alors que je squatte hebdomadairement le poste (cathodique), lui tire certaines ficelles de la Cité dont il est un des édiles.

Nous sommes de ces quinquagénaires qui occupent et verrouillent les postes, gouvernent et dirigent ; enfin lui davantage que moi. Peu importe, je pense que nous sommes parvenus à la deuxième phase de la chanson de Brel Les bourgeois, « le cœur bien au chaud », pendant que « de jeunes peigne-culs nous montrent leur derrière » etc.

Hier, Etienne Dumont dans la TdG parle de nous, des bobos que nous ne voudrions pas être. Tiens, dimanche dernier, à la Combe de l’A, en route pour entendre et voir le brâme des cerfs, je croise une équipée de quinquas socialistes genevois qui, le soir venant, se rendent dans un gastro du coin. Tous bobos !

On n’y peut rien ?

Je repense au magistrat, en avance pour le théâtre (oui, nous sommes devenus désormais des spectateurs d’une lointaine utopie !) et qui, assis sur un banc public, lit.

Et, bon sang, même de loin je reconnais la couverture des Poésies Gallimard en Poche. Mugny lit de la poésie ! Il en parlait lors d’un discours officiel. Ce n’était donc pas que broutilles et poudre aux yeux. L’homme cherche donc une sorte de vérité enfouie, un absolu, une beauté secrète. Il ne peut donc être tout à fait mauvais. Ni tout à fait bourgeois. Ni donc vraiment un bobo…

La poésie, c’est aussi pour rester jeunes, Monsieur le commissaire... 

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