Foot et identité (11/07/2008)

Par Alain Bagnoud

1196279758.jpgEurofoot encore. C'est fini et bien fini, certes. Mais il me reste quelques questions, pour avoir observé tous ces fans de foot, tous ces adultes enroulés dans des drapeaux, portant le maillot de leur équipe, roulant dans des voitures qui arborent les emblèmes d'un pays. Le phénomène était d'une telle ampleur qu'il y avait de quoi s'interroger.

Un retour au nationalisme ? Evidemment non. Ce n'étaient pas les vertus d'un pays que proclamaient tous ces gens, c'était leur identité. Identité dans le sens identique, et pas singulier.

C'est que, dans cette société post-moderne qui impose l'individualisme, qui détruit le lien social, qui impose à cause du marché une masse d'éléments constitutifs à chacun, liés à ce qu'il croit être ses goûts et sa personnalité, et qui sont en fait les caractéristiques du consommateur qu'il est et que le marché suscite, il est impossible désormais que les gens se sentent liés profondément, qu'ils considèrent qu'ils appartiennent à un groupe homogène avec sa culture propre, comme c'était le cas jadis. (« Jadis » que d'ailleurs je ne regrette aucunement, croyez-moi !)

Aussi, perdus dans une masse de ces caractères qui les constituent hétérogènes, différents malgré eux, isolés, et ayant la nostalgie du lien, les supporters de foot sélectionnent une caractéristique simple dans l'ensemble de ce qui les constitue. Une origine, un drapeau, une nostalgie ou un exotisme. Ils retrouvent grâce à ça la fusion, le lien social, l'agglomération. Rassemblement, essai de transe, vibration commune, sentiment d'être fondu dans un groupe symbolisé par l'équipe.

Un petit moment collectif. Et le lendemain, on retourne à son gentil rôle d'individu consommateur !

 

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