La Montagne des singes (10/06/2008)

366559943.jpgPar Antonin Moeri


La passion exclusive des singes que ma fille nourrit depuis quelques années détermine la plupart de nos déplacements. Après avoir visité le musée d’histoire naturelle de Neuchâtel, nous avons caressé un autre projet : une échappée sur la Montagne des singes, en Alsace. Pour le réaliser, nous devions prendre le train jusqu’à Bâle, un autre jusqu’à Sélestat, d’où une navette nous transporterait à Kintzheim.
À l’entrée du parc, vous remplissez vos poches de pop-corn et, au bout d’un chemin forestier bien entretenu, vous apercevez deux Macaques qui s’épouillent amicalement. Ils viennent des montagnes du Maroc et d’Algérie. La guide nommée Clarisse (son nom est imprimé en grosses lettres sur un insigne qu’elle arbore fièrement à sa boutonnière) attira notre attention sur le comportement de Charlie qui, ayant trouvé une pomme pourrie, la léchait avec délectation. Il adore tout ce qui fermente, dit-elle en m’adressant un clin d’œil amusé.
La dame qui nous avait vendu le pop-corn à l’entrée avait été formelle : Ne jamais le sortir de la poche devant un Magot, il pourrait vous déchirer la veste. Le lui présenter dans une main fermée, bras tendu ! Et voilà qu’un mâle dominant, d’une habileté tortueuse, fit semblant de s’intéresser à mes grains de maïs soufflés lorsque, avec une incroyable rapidité, il tendit un bras d’une longueur sidérante pour arracher l’appareil photo des menottes de Lou. Le frère simien disparut dans un arbre en poussant des cris aigus.
Vu que c’était un appareil jetable, Lou n’a pas voulu signaler le larcin aux surveillants. Dans le car qui nous ramenait à Sélestat, elle me demanda ce que je pensais de ce petit vol commis furtivement et sans violence. J’ignore quel intérêt il pouvait avoir… peut-être cet objet lui procure-t-il quelque joie, ou peut-être est-ce le geste lui-même qui comble notre ami de bonheur. Lou trouva ces explications oiseuses.

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