L’embarras citoyen (10/04/2008)

 

 

par Pascal Rebetez

 

 

Outre le temps calamiteux, il y a plusieurs raisons de voir la vie du monde dégoulinante d’ennui en ces temps qui ne courrent pas beaucoup, sinon après une flamme olympique dont l'invention est due à un certain chancelier allemand en 1936.

On célèbre ici et là les quarantièmes du rugissement de 68 et je ne peux m’empêcher d’aller, avec le cœur, avec reconnaissance et sympathie vers le bel élan mondial de ces années-là. Mais bon, c’est de l’histoire : il n’y a que certains frustrés des cours de récréation de l’époque qui veulent encore se venger des gauchistes trop libertins de l'époque. Alors ils taillent dans le vif et découpent des costumes de marionnettes pour un procès grotesque : accusés, levez-vous et avouez que vous avez bandé et joui et dérangé l'ordre immuable des bonnes choses!

Pendant ce temps, la seule révolution présentable pour laquelle il faudrait souscrire est la défense d’un ordre monastique tibétain, avec cloches, gongs et lamas égarés. Il faudrait que le libre penseur se batte pour que certains continuent d’être enfermés dans les geôles des croyances religieuses, non merci !

Et en Suisse ? On me soumet des pétitions à signer en faveur d’une dame grisonne, conseillère fédérale par opportunisme, qu’il faudrait protéger des attaques menées par sa propre famille politique : j’irais me fendre d'une gauche pour défendre une telle droite ? Non merci !

Et à Genève ? On me demande de choisir, à grand renfort de slogans, entre deux sales bobines, entre la carpe et le lapin,  pour savoir lequel exercera le rôle de procureur, ce fameux gardien du droit, celui qui requiert les peines et envoie en prison. J’écoute Brassens et préférerai toujours faire un croche-patte au gendarme que dénoncer un gueux.

Non, décidément, les affaires de la cité n'ont rien de sémillant.

Et pendant ce temps-là, la pluie continue à tomber…

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