A la montagne (12/02/2008)

Par Alain Bagnoud

 

 


Dans le téléphérique. La grosse cabine attend le départ. Au dehors, soleil, neige, ciel bleu. Un petit air de printemps déjà.

Avec ses cheveux longs ramenés en queue de cheval, une barbe rare, il a l’air d’un contestataire ou d’un altermondialiste. Quand il veut montrer sa surprise, il dit, en levant un sourcil : « Ah ouais ! Quand même ! » Une expression que j’ai entendue chez un animateur télé.

C’est qu’il veut devenir célèbre. Pas à cause de quelque chose qu’il ferait, reconnaît-il, mais, ch’ais pas, moi, pour ce qu’il est. Parce qu’il lui semble manifestement qu’il mérite la notoriété.

Pendant qu’il m’explique vaguement ça en s’appuyant sur un surf sombre dont les décorations rappellent des graffitis urbains, deux vieilles dames montent dans la cabine, emmitouflées dans des écharpes, des châles et des chapeaux fantaisie très étranges, l’un avec des sortes d’étages comme un gâteau, l’autre en forme d’obus blanc. Deux excentriques. Celle du gâteau moins âgée que l’autre. Une fille et sa mère, peut-être. Elles ont un air de famille.

Je me demande si elles suivent la mode. A voir le col, les manches et le bas d’un de leurs manteaux orné de renard blanc, on peut penser que oui.

Une grande Africaine en combinaison de ski rose entre encore et la porte se ferme automatiquement. La cabine s’ébranle et s’élève dans le ciel. Une motoneige du service des installations mécaniques passe sous le pylône, feu clignotant mais sans sirène.

Dans le restaurant d’altitude, un type au crâne rasé, l’air mauvais, se repose en écoutant de la musique très fort sur son Ipod. Le rythme semble familier. Je m’approche, curieux. « Dites-moi où ne en quel pays, Est Flora. la belle Romaine… » Villon et Brassens.

Il va faire beau pendant quelques jours encore, annonce le journal.

 

 

(Publié aussi dans Le blog d’Alain Bagnoud)

 

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