Le meilleur des mondes (13/11/2007)
Par Alain Bagnoud
Visionnaire, Huxley, dans cette fable de science-fiction utopique qu’est le Meilleur des mondes? Evidemment. Il a prévu toutes sortes de choses qui sont arrivées. La consommation à outrance et les objets comme principale jouissance. Le jeunisme et ses avatars : infantilisme, refus de la dégradation du corps à tout prix, évacuation de la mort. Un système de castes satisfaites de leur sort. Comme nous le sommes. Bien contents de ne pas être plus bas et qui ne contestons pas ceux qui sont plus haut.
Ou encore le sexe considéré seulement comme une distraction.
Quoique là, non ! Il y a encore du travail. Nous n’arrivons pas, décidément, à mettre dans trois cases distinctes les sentiments, la sexualité récréative et la reproduction. Mais nous y travaillons.
Seulement, Huxley était encore un peu aveuglé par sa vieille société. Cette idée d’envoyer les déviants en exil …
Car à la fin de son livre, on règle le sort des inadaptés. De ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas s’intégrer à la société parfaite du loisir, de la distraction et de l’infantilisme. Qui s’obstinent à cultiver leur moi, à développer leur individualité, à réfléchir sur leur existence et sur la société dans laquelle ils vivent.
On les expédie dans des îles. L’Islande, les Falklands ou des paradis tropicaux, à choix. Une punition qui est en fait une récompense. Les marginaux se retrouvent avec des gens comme eux dans une petite société d’élite qui partage les mêmes préoccupations et peut s’interroger tant qu’elle veut sur Dieu, l’Art, la Création, la Science, la Littérature.
Nous avons résolu le problème à moins de frais. Chez nous, on les garde à l’intérieur. Bien au chaud, abolis, sans danger pour quiconque, puisque personne ne les écoute.
Et comme il faut garder les apparences et les faux-semblants, on fait passer à la télévision des marionnettes censées incarner ces gens : des fantoches inoffensifs généralement pourvus d’une ou deux idées fixes, dont le rôle est d’incarner une fonction et de participer à la société du spectacle.
Vous voyez de qui je parle ? Non ? Moi non plus.
(Publié aussi dans le blog d'Alain Bagnoud)
08:46 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
on ne retient bien que ce qui nous touche !
je vais relire Aldous, et revoir des passages ..c'est si loin !
de votre commentaire , je reste sur ma faim : la chute est admirable, mais dites-moi : j'ai perdu mes lunettes , je ne vois pas du tout ...
Écrit par : zizany | 26/06/2009
Bonjour, je n’étais pas friande de l’anticipation en littérature, mais ça c’était avant de me plonger dans le meilleur des mondes, il m’a donné le goût de la quête et la certitude d’un avenir possible.
Écrit par : divorce amiable | 30/01/2013